Avant Manchester City - Chelsea : pourquoi Kevin De Bruyne n'a pas percé chez les Blues

Le décollage a été trop brutal. Après trois ans et demi passés chez les professionnels à Genk, le talentueux De Bruyne a fait ses valises durant l'hiver 2012 pour un grand d’Europe, Chelsea. Mais plusieurs années plus tard, autant dire que l’aventure chez les Blues a clairement été un échec pour lui. Il est déjà difficile de s’imposer dans une équipe quand on est prêté à deux reprises (Genk et Werder Brême) en moins d’un an. Mais ce n’est pas tout. De Bruyne a surtout été victime de la concurrence exacerbée qui régnait à Londres à ce moment. Son coéquipier à Chelsea, André Schürrle, s’est d’ailleurs exprimé sur ce sujet en 2015, affirmant que le Belge n’avait pas eu le temps de faire son trou chez les Blues : «C’est difficile pour les jeunes à Chelsea. Il y avait deux places à prendre, et Eden Hazard jouait tout le temps.» Une situation qui mettait en concurrence Willian, Mata, Schürrle et donc De Bruyne pour un seul poste, sur le côté droit. Difficile alors de pouvoir briller avec un temps de jeu très limité.

 

Un peu plus d'un an après son départ de Chelsea, et après une saison 2014-15 exceptionnelle du joueur à Wolfsburg (10 buts, 21 passes décisives en Bundesliga), José Mourinho a été questionné par The Guardian pour connaître les raisons du passage infructueux de De Bruyne à Chelsea : «Je voulais le garder mais il m’a dit que ce n’était pas dans son tempérament de se battre pour une place dans le onze. Il ne voulait pas jouer dans un club où il devait se demander chaque semaine s’il allait jouer ou pas.» Avec ces déclarations, le coach portugais expliquait en quelque sorte pourquoi il n'avait jamais fait confiance au Belge. Et pourquoi il ne lui a jamais fait prendre part à deux rencontres d’affilée à Chelsea…

Le jeune et prometteur De Bruyne a donc été coupé dans son élan à Londres. Et s’est résolu à partir chercher du temps de jeu ailleurs, en Allemagne. Piet de Visser, ancien membre de la cellule de recrutement des Blues, a lui affirmé en 2016 qu’il regrettait cette décision : «J’étais en colère contre Mourinho quand De Bruyne a quitté Chelsea. Il pensait que Kevin avait besoin d’un ou deux ans de plus, mais il était prêt. Et Kevin était également convaincu qu’il était prêt.» Par ce témoignage d’un des hommes les plus influents de Chelsea, on peut se rendre un peu plus compte de l’importance du Portugais dans l’échec du joueur. Mourinho, lui, a jugé à l’époque que le départ du joueur avait été «une bonne affaire pour le club», parti pour 21,5M€.

L'autre raison justifiant l’échec du Diable Rouge à Chelsea est l’aspect essentiellement sportif. En bref, Kevin De Bruyne a mis du temps à trouver sa position préférentielle, en électron libre au cœur du jeu, où il arrive à utiliser le maximum de ses capacités. À Londres, De Bruyne n’a pu s’exprimer qu’à neuf reprises et essentiellement sur l’aile droite, se contentant d’un peu plus de 400 minutes de jeu seulement… Utilisé au départ à Wolfsburg en ailier, c’est lors de ce prêt qu’il a ensuite percé en tant que numéro 10 la plupart du temps.

À Brême, c’était d’ailleurs déjà au cœur du jeu qu’il avait réalisé ses meilleures prestations. Malheureusement pour lui à Chelsea, c’est le Brésilien Oscar qui occupait ce poste, décalant le Belge à droite. De Bruyne ne nourrit pourtant aucun regret de son départ forcé, comme il le racontait à BT Sport fin 2017 : «Mon départ de Chelsea ? C’est du passé, ce qui est fait est fait. Je n’ai aucun regret, ça m’a rendu plus fort.» Et on a bien envie de croire le Belge, lorsqu'on sait où il en est aujourd'hui. Alors qu'il retrouve son ancien club ce dimanche, De Bruyne est sur le point de devenir Champion d'Angleterre pour la première fois. Cadre de Manchester City, il figure également parmi les favoris au Graal suprême en Europe, la Ligue des champions.