Adil Rami et Yacine Bouharkat. (D.R)

Aux Etats-Unis, un Français accueille dans son Five les stars du football mondial

Près de Los Angeles, le Français Yacine Bouharkat a ouvert un Five en 2016, et accueille régulièrement des footballeurs mondialement connus. Le dernier en date : Adil Rami, juste après la Coupe du monde.

Ne leur parlez surtout pas de football. Aux États-Unis, le sport pratiqué avec les pieds et un ballon rond s’appelle le soccer. Et si la volonté de Donald Trump d’utiliser ce terme dans le monde entier et de garder l’appellation "football" pour le seul football américain paraît irréalisable, le nom soccer a tout de même percé en Europe. Vous avez peut-être déjà vu par chez vous un "Five", comprenez-y un petit terrain où l’on joue à plus ou moins cinq contre cinq. Sur la devanture de ces centres, on trouve généralement inscrit "urban soccer".

Si cela fait de plus en plus fureur en Europe, les Américains ne sont pas en reste, et le football -car on continuera à l’appeler ainsi- n’est pas autant en retrait outre-Atlantique qu’on pourrait le penser. C’est particulièrement vrai en Californie, grand état de l’Ouest et donc forcément plus proche de la culture latine que ceux de l’Est. Yacine Bouharkat a quitté la France pour s’y installer en 2014, avant d’ouvrir son Urban Soccer 5 Center deux ans plus tard, à Norwalk, petite ville située au sud-est de Los Angeles.

Le Urban Soccer 5 Center. (D.R)

«Adil n'a pas changé»

Ainsi, depuis avril 2016, ce sont sur ces dix petits terrains en pelouse synthétique que viennent s’entraîner et se divertir petits et grands. Mais pas que ! De nombreuses stars du ballon rond sont également venues tâter le cuir : Kingsley Coman, Moussa Sissoko, Paul Pogba, Michy Batshuayi, Samir Nasri, Romelu Lukaku, ou encore plus récemment… Adil Rami ! Après la Coupe du monde, le défenseur a profité de ses vacances pour se rendre aux États-Unis, et passer une tête au Five le plus célèbre de Los Angeles, où il s’était déjà rendu auparavant.

Moussa Sissoko. (D.R)

«Il vient souvent, pour s’amuser mais aussi pour s’entraîner, confie Yacine Bouharkat. Il n’a pas changé malgré le titre de champion du monde.» C’est plutôt le regard des autres qui a évolué : «les gens le regardaient, prenaient des photos… Il est très accessible, beaucoup plus que d’autres». Mais on est loin de l’effervescence que créerait une telle sortie en France, et pour cause : les matches de la Coupe du monde étaient tôt à l’heure américaine, la visibilité en pâtissait donc, d’autant que la sélection nationale n’était pas présente en Russie. Aussi, deux autres noms ont surtout la cote parmi les Bleus : Antoine Griezmann et Kylian Mbappé.

Mais il y a un Français, non champion du monde, qui a particulièrement marqué l’esprit de Yacine Bouharkat : André-Pierre Gignac. «Je n’ai jamais vu autant de monde ! Il a été plus acclamé que tous les autres. C’était la folie autour de lui, les gens se bousculaient pour le voir, pour le toucher». La raison est simple : la Californie est relativement proche du Mexique, où Gignac est la star du Championnat avec le maillot des Tigres de Monterrey.

André-Pierre Gignac lors de son passage au Five. (D.R)

Aider les jeunes américains à progresser

En termes de maillots d’ailleurs, les tendances locales peuvent surprendre. Si ceux du Real Madrid et du Barça sont les plus en vue, tout comme ceux des sélections américaine et mexicaine, les tuniques du Paris Saint-Germain, le plus souvent floquées Neymar, arrivent juste derrière. Les jeunes portent de plus en plus de maillots, espérant un jour en porter un pour de vrai. «Les enfants qui viennent au centre rêvent d’être comme eux», raconte le créateur de ce Five californien.

Le problème de la formation se pose cependant, dans un pays où le hockey et le basket sont les deux sports vers lesquels les parents dirigent leurs enfants, car c’est grâce à eux que peuvent être obtenues des bourses. De plus, les entraîneurs de football sont généralement bénévoles, et n’ont donc pas de réelle formation ou de diplôme. Ainsi, Yacine Bouharkat et son équipe réfléchissent aujourd’hui à la façon dont ils pourraient aider ces jeunes qui rêvent de ballon rond. «On voit passer un bon nombre d’enfants doués, avec beaucoup de talent. Le centre aide à former ces jeunes. Mais il leur faut plus». Voir de grandes stars jouer sous leurs yeux est déjà une belle source d’inspiration, en plus d’une motivation certaine.

Florent Le Marquis