Soccer Football - Spanish La Liga Santander - Real Madrid vs Valencia - Madrid, Spain - August 27, 2017 Real Madrid's Karim Benzema reacts after missing a chance to score REUTERS/Javier Barbancho (Reuters)

Auteur d'un début de saison en demi-teinte avec le Real Madrid, Karim Benzema divise les médias espagnols

Après sa déconfiture à Gérone ce dimanche (2-1), le Real Madrid doit se relever à Tottenham ce mercredi (20h45). Karim Benzema a l'occasion de faire taire les critiques actuelles sur son manque d'efficacité.

C'est un fait : Karim Benzema a connu des périodes plus fastes avec la tunique merengue. Son début de saison poussif - un but et deux passes décisives en six matches de Championnat - interroge la presse espagnole. À sa décharge, le Français revient de blessure, lui qui a souffert d'un claquage tendineux en septembre, et qui est loin d'avoir recouvré sa pleine mesure. Benzema est un habitué des critiques de par son profil altruiste : le jeu du Madrilène fait avant tout primer le collectif et sa forme est souvent liée à celle de son équipe. La défaite du Real Madrid ce dimanche à Gérone (1-2) l'a encore souligné.

La déroute de Gérone

La performance du Français n'a pas été du goût de Marca, qui a pointé le manque de poids offensif de Benzema en Catalogne. Le quotidien note qu'il a été «plus impliqué dans les tâches d'élaboration du jeu que dans son rôle, celui de faire mal à l'adversaire dans sa zone», soulignant aussi que lui et Ronaldo «ont été contre toute attente deux joueurs faciles à défendre pour Gérone». C'est pourtant lui qui a impulsé l'action qui mène à l'ouverture du score d'Isco (12e). C'est aussi lui qui a manqué de creuser la marque à la 50e, mais son aile de pigeon sur un centre d'Isco a été sauvée in-extremis. Le quotidien ironise ainsi sur l'activité de Benzema, dont «la boussole pointait par moments vers le nord, et par moments vers l'Upside Down de Stranger Things». Traduction : Benzema a fait un match à l'envers. Celui qui est pourtant un maillon essentiel de l'animation offensive madrilène aurait souhaité honorer d'une meilleure manière son 250e match avec les Merengue.

Un statut qui fait toujours débat

Voilà un débat récurrent qui attise la presse espagnole : Karim Benzema fait-il partie des tout meilleurs à son poste ? L'ancien attaquant de Tottenham et du Barça Gary Lineker a bien une idée sur la question, qu'il a postée sur Twitter : «C'est moi ou Benzema est un peu surcoté ? Un but tous les deux matches dans une équipe aussi forte que le Real Madrid n'a rien de spécial. Convenable, pas génial.» Un tacle rugueux que Zinédine Zidane n'a pas laissé passer en conférence de presse : «C'est une honte, ce qu'a dit Lineker, Benzema est le meilleur

Si l'on s'en tient aux chiffres, l'ancien Lyonnais totalise avec le Real Madrid 183 buts et 105 passes décisives en 375 matches. Il est ainsi devenu le 7e meilleur buteur de l'histoire du club devant l'ancien ailier Paco Gento. Une (très) bonne ligne de statistiques qui ne convainc pas le quotidien AS. Le journal souligne que l'ancien Lyonnais «n'a jamais été le meilleur passeur, ni le meilleur buteur» du club sur une saison. Le journal Sport a donné un 3/10 à Benzema pour son match à Gérone, couplé d'une réflexion sur son statut : «Un autre match parmi ceux qui alimentent le débat sur sa titularisation au Real Madrid : il a fait quelques petites choses de qualité sans plus de contenu que le seul esthétisme pur. Il a essayé de combiner avec Cristiano à plusieurs reprises, mais il n'a rien offert de plus. Sa froideur n'aide pas le Real Madrid quand il a besoin d'un peu plus de passion.»

Benzema, au nom du jeu ?

AS nuance son raisonnement en soulignant que «Benzema et Zidane défendent un autre football. Celui qui ne regarde pas les statistiques, mais qui crée des espaces, fabrique des opportunités et dégage de la beauté. Comme le match de Ligue des champions la saison passée à Vicente-Calderon. Il n'y a eu ni passe décisive, ni but, mais assurément une œuvre d'art.» Le 10 mai dernier, le Real Madrid avait perdu la demi-finale retour à l'Atlético de Madrid (2-1) mais avait assuré son avance du match aller (3-0) pour rejoindre la finale.

Benzema avait réalisé un grand match, où il s'était notamment fendu de deux doubles contacts dans un mouchoir de poche, amenant la réduction du score d'Isco. Le quotidien demeure critique envers le Français, «qui a pu jouer son "football champagne" pendant neuf années car il n'a jamais eu à remonter la rivière grâce à la sympathie que son président (Florentino Pérez, ndlr) éprouve pour lui. Morata, Chicharito, Higuain et Adebayor ont été ses victimes.» L'attaquant, qui a prolongé au Real Madrid jusqu'en 2021, divise deux écoles, comme le souligne El Pais. Il symbolise «l'éternel débat entre ceux qui considèrent que le football se résume à des chiffres et ceux qui croient que le football, ce sont des détails, des sensations et un fait si peu empirique, impossible à démontrer, qui consiste à rendre les autres meilleurs.»

Jérémy Nédélec