Soccer Football - Europa League Semi Final First Leg - Arsenal v Valencia - Emirates Stadium, London, Britain - May 2, 2019 Arsenal's Pierre-Emerick Aubameyang celebrates scoring their third goal with Alexandre Lacazette REUTERS/David Klein (Reuters)

Aubameyang et Lacazette, de rivaux en France à meilleurs amis à Londres

Après plusieurs mois à tâtonner, Unai Emery a désormais trouvé la bonne formule pour son duo d'attaquants. Grâce à leur bonne entente sur et en-dehors du terrain, Lacazette et Aubameyang ont guidé leur équipe jusqu'à la finale de la Ligue Europa.

Il y a des duos qui portent leur équipe, et puis il y a Aubameyang et Lacazette. Deux joueurs que tout opposait initialement, l’un ancien de Saint-Etienne, l’autre de l’Olympique Lyonnais. Mais depuis leur arrivée à Londres, ils sont devenus les meilleurs amis du monde. Le Français débarquait à l’intersaison 2017, tandis que le Gabonais le rejoignait six mois plus tard, au terme d’un mercato hivernal des plus dépensiers pour les Gunners. Un an et demi après, leur relation s’est endurcie sur et en-dehors du terrain. Avec un impact significatif sur les résultats de leur équipe.

Lors de la seule double-confrontation contre Valence, en demi-finale de Ligue Europa, ils ont inscrit les sept buts d’Arsenal. En tout et pour tout, ils ont marqué 50 des 111 buts mis par les Gunners toutes compétitions confondues (35 en Premier League). Les deux potes se complètent à merveille cette saison. Avec ses 22 réalisations, Aubameyang a terminé co-meilleur buteur du Championnat (à égalité avec Mohamed Salah et Sadio Mané). Lacazette, lui, a été désigné meilleur joueur de la saison d’Arsenal. Voilà peut-être au moins un domaine où les Gunners ont des assurances sur la qualité de leur effectif.

"Auba x Laca" collaboration

Une réussite qui a - souvent - permis de masquer les failles défensives béantes d’Arsenal, et les 51 buts concédés. «Cette saison, le challenge pour Lacazette et Aubameyang a été de compenser la comédie qui avait lieu derrière eux» écrivait d’ailleurs The Telegraph. Mais aussi l’inefficacité des autres joueurs. Ramsey, Mkhitaryan et Özil sont les troisièmes meilleurs buteurs… avec 6 petits buts. De quoi mettre encore plus de poids sur les épaules des deux attaquants. Pourtant, ils n’ont pas toujours été alignés ensemble. Ce n’est que sur ces derniers mois, après avoir longtemps tâtonné, qu’Emery a installé son 3-4-1-2, avec ses pointes fétiches devant.

Avant, il évoquait des «problèmes d’équilibre» pour l’équipe, et optait souvent pour un 4-2-3-1, avec parfois Aubameyang à gauche, parfois un seul des deux alignés devant. Désormais, ils ne se quittent plus. Quand l’un ne trouve pas le chemin des filets, il aime aider l’autre à marquer. C’est ainsi que l’ancien buteur de l’OL a délivré cinq passes décisives à l’ex-joueur de Dortmund, tandis que celui-ci lui a rendu trois fois la pareille. «C’est peut-être la première fois de ma carrière que je joue avec un autre attaquant comme Lacazette, analysait le meilleur buteur du club en conférence de presse. On a la même vision du foot quand on en parle, les mêmes idées et les mêmes sentiments. Le fait que nous nous comprenions est ce qui fait la différence dans les matches».

C'est une bromance d'aujourd'hui

A l’heure du bilan de cette première saison du coach espagnol à la tête de l’équipe, il ressort qu’Aubameyang et Lacazette ont été des clés pour Arsenal. Les Gunners ont connu des moments difficiles, mais aussi des moments de réussite certaine. A chaque fois, les deux joueurs étaient impliqués. Aubameyang a été le deuxième élément le plus utilisé en Premier League, Lacazette le quatrième. Des chiffres parlants. Sur le terrain, c’est une complémentarité qui s’est développée au fil des matches entre deux joueurs au profil différent. Aubameyang, par son profil athlétique, use de sa vitesse pour prendre la profondeur et sentir les coups pour finir les actions. Lacazette, avec sa justesse balle au pied, ses qualités techniques, apporte une alternative, notamment contre des blocs bas regroupés. The Telegraph écrivait : «Lacazette a même été meilleur dans des positions plus reculées, où son jeu en relais et dans la conservation a été au moins aussi important que sa présence dans la surface».

Le duo à plus de cent millions d’euros est aussi souvent utilisé comme effigie pour le club. Dans sa communication sur les réseaux sociaux par exemple, dans des vidéos, comme pour prouver qu’ils sont toujours ensemble. Et cette relation d’amitié hors du pré, qui a débouché sur une entente presque parfaite sur le terrain, n’est pas factice. La presse anglaise parle de «bromance» quasiment après chaque match où ils se distinguent. Un véritable partenariat de confiance entre les deux. Le Gabonais était interviewé sur Sky Sports il y a quelques semaines. «On était rivaux, je ne m’attendais pas à ce que ce soit mon ami. Mais c’est différent aujourd’hui. Quand je suis arrivé, il m’a donné beaucoup de confiance et on s’est parlé de suite, se réjouissait-il. C’est notre vision du football qui a lancé notre amitié. Quand un décroche, l’autre avance. Quand tu lèves la tête, tu vois que l’autre prend l’espace, c’est au feeling».

Un épisode a marqué la saison. Contre Tottenham, lors du North London Derby à Wembley (1-1), Aubameyang avait au bout du pied la victoire sur un penalty dans les arrêts de jeu. Son tir était manqué, Lloris le sortait. Puis, quelques jours plus tard, Arsenal avait de nouveau un penalty, cette fois contre Manchester United (2-0). Lacazette prenait le cuir pour le donner à son compère en lui assénant des marques de confiance. Le Gabonais transformait et sautait dans les bras de Lacazette. Comme des frères. Maintenant, il reste une dernière étape à franchir. Arsenal a l’occasion de soulever son premier trophée européen depuis 25 ans (une C2 en 1994). Pour cela, il faudra venir à bout du rival, Chelsea, en finale de C3. Nul doute que le duo aura une nouvelle fois un rôle majeur à jouer.

Jérémy Docteur