jardim (leonardo) (V. Michel/L'Equipe)

AS Monaco : Leonardo Jardim, de héros à zéro ?

Depuis son retour fin janvier, Leonardo Jardim n'a pas trouvé la solution pour faire repartir son équipe. Monaco lutte pour ne pas descendre. Et l'avenir du Portugais est au coeur du débat.

C’est l’année de toutes les turbulences sur le Rocher. Monaco a connu quatre entraîneurs : Leonardo Jardim par deux fois, Thierry Henry et l’intérimaire Franck Passi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aucun n’a réussi à redresser le navire de plus en plus à la dérive. On disait l’ancien attaquant d’Arsenal responsable de presque tous les maux. Qu’il n’avait pas réussi à mettre grand-chose en place, et avait accentué des failles béantes. Il s’avère que la situation ne s’est pas arrangée sous Jardim II : l’équipe pointe à la dix-septième place, à égalité de points avec le barragiste, Caen. Alors qu’on pensait Monaco largement sauvé en dépit d’une saison périlleuse, la donne s’est inversée. Les Monégasques n’ont plus gagné depuis le 15 mars, à Lille (1-0). Alors certes, il y a eu l’éclaircie du mois de février et cette série de sept matches sans défaite, dont une victoire contre l’OL (2-0). Mais depuis, plus rien ne va. A l’instar de Gelson Martins, flamboyant à son arrivée, Monaco n’avance plus. Le joueur prêté par l’Atlético a inscrit un but et délivré une passe décisive depuis fin février. On peut même élargir le spectre au trio qu’il forme avec Golovin et Rony Lopes, qu’on disait séduisant, et synonyme du regain de confiance de Monaco. Là-aussi, il n’en fut rien.

Un recrutement Football Manager ?

On a l’impression que les mêmes problèmes demeurent cette saison. Pêle-mêle, une inconstante déconcertante, des cadres à la ramasse, une défense aux abois, des offensifs incapables de tuer les occasions et un coach sans solution. Dans ce climat, bien malin est celui qui saurait prédire avec certitude la fin de la saison. Monaco reçoit Amiens et va à Nice pour la dernière journée, dans un «derby» qui sent la poudre. Les Aiglons, eux aussi avec un effectif juvénile, réalisent une bien meilleure saison avec des moyens bougrement plus limités. Les moyens financiers justement. Monaco a tenté de combler ses lacunes en janvier dernier en recrutant à la louche : Naldo, Ballo-Touré, Fabregas, Vainqueur, Adrien Silva, Nkoudou, Vinicius et Gelson Martins ont débarqué dans la Principauté. Avec donc, une volonté affichée d’apporter de l’expérience et des tauliers dans cet effectif en perdition. Si d’autres entraîneurs ont dénoncé ces agissements et les différences de budget entre les clubs, Monaco comprend aussi que le vrai football n’est pas un jeu à la Football Manager. Empiler les joueurs, aussi bons soient-ils sur le papier, ne suffit pas. Il faut une cohérence, une bonne gestion et des instructions claires. 

Un nouveau cycle s'impose

Souvent décriés, ces cadres vieillissants, qui étaient du titre en 2016-2017, ne suivent plus aujourd'hui. Glik, Jemerson, Subasic, Sidibé, et dans une moindre mesure Falcao… Ils n’ont plus cette fonction de leader, avec cette capacité à faire lien et être relais des consignes. Même si le Colombien a sauvé la baraque à d'innombrables reprises cette année. Quand tout va mal, il est de coutume de pointer du doigts les plus expérimentés en premier. Et en l’état, le constat est effarant. Si le passage de Thierry Henry n’a pas été brillant (deux victoires en douze matches seulement), le surréaliste retour de Jardim le 25 janvier pose définitivement question. Son bilan de dix-huit points en quatorze matches (quatre petites victoires) ne lui permet pas d’être en odeur de sainteté. Le coach portugais serait-il en effet en fin de cycle ? La question mérite d’être posée. L’effectif a très probablement besoin d’un nouveau souffle et d’effacer l’ardoise de ces derniers mois de calvaire. L’ASM de cette année n’est en rien l’égale de celle qui avait terrassé les pelouses de l’Hexagone et d’Europe voilà quelques années. La plupart des joueurs sont partis, les meilleurs ont été transférés aux quatre coins de l’Europe. Leonardo Jardim et les cadres sur le déclin font quelque peu office de derniers survivants. Mais pour combien de temps ? - J.D.