(L'Equipe)

Arjen Robben (Pays-Bas), nouvel épisode de nos 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde

18 mai - 14 juin : dans exactement 27 jours, débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu'au coup d'envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde. Soixante-quatorzième épisode avec Arjen Robben.

Son histoire avec la Coupe du monde

Si Johan Cruyff a été le symbole de la grande équipe des Pays-Bas des années 1970, Arjen Robben n’est pas loin d’avoir incarné celle des Oranje à la fin de la décennie 2000 et le début de celle de 2010. Le Bavarois a disputé à trois Coupes du monde avec son pays - 2006, 2010 et 2014 - et est apparu à chaque fois comme l’un des plus en vue de son équipe. Ses bonnes prestations lors des qualifications pour la Coupe du monde allemande lui permettent d’être sélectionné par Marco Van Basten. Robben va se montrer tout de suite décisif pour son équipe, puisque c’est lui qui inscrit le but victorieux contre la Serbie lors du premier match de la compétition. Il est même nommé "homme du match", performance qu’il récidive lors de la deuxième rencontre contre la Côte d’Ivoire, devenant le premier des huit joueurs du tournoi à obtenir à de multiples reprises cette distinction. S’il n’a rien pu faire contre le Portugal en huitièmes de finale (défaite 0-1), précipitant l’élimination des siens, l’ailier formé à Groningue va revenir avec de toutes autres intentions au Mondial suivant, en 2010, le premier organisé sur le continent africain. Robben sera l’un des grands artisans du parcours quasi-parfait des Néerlandais, double buteur lors des phases à élimination directe - Slovaquie en huitièmes et Uruguay en demies - et véritable dynamiteur sur le côté droit de l’attaque. Le n°10 de l’équipe de Bert Van Marwijk aurait même pu devenir le héros de tout un royaume face à l'Espagne en finale s’il avait converti son face-à-face avec Iker Casillas (62e). Les Pays-Bas perdent finalement en prolongation (116e, but d’Andres Iniesta) et voient le rêve de soulever la Coupe du monde s’effondrer, après les échecs de 1974 et 1978. Ballon de bronze en Afrique Sud, Robben va également remporter cette récompense quatre ans plus tard au Brésil. Un Mondial où il va véritablement performer, démontrant au monde toutes ses qualités de dévoreur d'espaces et de poison pour les défenses. Le match inaugural contre la Roja en est le parfait exemple : auteur d’un doublé, il a sans cesse donné le tournis à l’arrière-garde espagnole, complètement dépassée par la vitesse et les crochets dévastateurs du désormais trentenaire. Troisième du Mondial auriverde, il n’aura cependant pas la chance de disputer une quatrième Coupe du monde, en Russie, puisqu'il a décidé d’arrêter sa carrière internationale après l’échec de son pays en qualifications.

Le moment marquant

Son match le plus abouti en Coupe du monde fut sans aucun doute celui contre l’Espagne, le 13 juin 2014, à l’Arena Fonte Nova de Salvador. Les Néerlandais atomisent les champions du monde en titre 5-1 avec en prime un doublé de l’ailier bavarois. Son premier but est clinique : à la réception d’un long ballon à l’entrée de la surface, Robben contrôle de l’extérieur du gauche, efface Piqué, le défenseur espagnol, d’un subtil crochet du droit puis enchaîne en fusillant Casillas (53e). A dix minutes du terme, alors que son équipe mène déjà 4-1, le n°11 néerlandais va corser encore un peu plus l’addition avec un véritable chef-d’œuvre. Lancé en profondeur depuis le milieu de terrain, il va déposer sur 40 mètres Sergio Ramos avant de crocheter Casillas. Voulant se remettre dans l’axe du but, Robben effectue une feinte de frappe qui déstabilise le portier du Real, avant d’envoyer le ballon au fond. Un plaisir pour les yeux qui a fait exalter le consultant de beIN sports Omar Da Fonseca avec le fameux «il lui a l’amour sans préliminaires», évoquant ainsi le duel gagné par Robben sur Sergio Ramos, le défenseur espagnol.

Le chiffre : 6

Le nombre de buts inscrits par Arjen Robben en Coupe du monde. Il est le deuxième meilleur buteur néerlandais dans l’histoire du Mondial en compagnie de Robin Van Persie, Dennis Bergkamp, Robert Rensenbrink et Wesley Sneijder, derrière les sept unités de Johnny Rep.

L'archive de FF

Deux jours après la finale de la Coupe du monde 2010 gagnée par l’Espagne contre les Pays-Bas, FF écrit sur l’énorme occasion ratée par Robben peu après l’heure de jeu : «Pour tout dire , il fut le meilleur Oranje, le plus dangereux, le plus motivé aussi, tout au long de la rencontre, là où l’on attendait certainement plus d’un Wesley Sneijder, propulsé vedette numéro un de sa sélection après ses exploits (et ses buts) à répétition dans les tours précédents. C’est en effet Robben qui a eu la balle de match, la toute première, à l’heure de jeu, au plus fort peut-être de la domination ibérique. Lancé parfaitement par son compère de l’Inter, il s’était joué de la surveillance de Piqué, avant de placer le ballon hors de portée de Casillas. C’est du moins ce qu’il pensait avoir réussi, avant que le gardien espagnol, pris à contre-pied, ne dévie sa tentative du pied droit, dans un réflexe ultime. Une occasion en or qui venait de s’ajouter à une jolie série de frappes, toutes cadrées et impeccablement repoussées par Casillas, son ancien coéquipier au Real Madrid pendant deux saisons (2007-2009). Visiblement, les dieux du foot avaient choisi un autre héros à Soccer City. Auteur de deux buts en cinq apparitions lors de ce Mondial, Robben a failli être l’un des grands héros du tournoi. Au bout du compte, il a quitté l’Afrique du Sud avec d’énormes regrets. A bientôt vingt-six ans, il aura sans doute le temps de soigner son palmarès. Mais on ne rattrape jamais les occasions perdues».

Joffrey Pointlane