A painter applies finishing touches to an image of Argentina's soccer player Lionel Messi, on a wall along a road ahead of the FIFA World Cup, in Kolkata, India June 8, 2018. REUTERS/Rupak De Chowdhuri (Reuters)

Argentine : Lionel Messi, la dernière chance de remporter une Coupe du monde

En ce début de Coupe du monde, l'Argentine espère compter sur Lionel Messi pour se hisser sur le toit du monde. Mieux que quiconque, la Pulga sait que ce Mondial constitue sa dernière chance de remporter enfin le trophée suprême avec l'Albiceleste.

«Messi veut réussir sa Coupe du monde, et on doit profiter de sa présence et l’aider aussi pour qu’il obtienne ce qu’il mérite.» Ces mots de Claudio Tapia, le président de la Fédération argentine de football, résument bien l’état d’esprit de la «Pulga» et du groupe de Jorge Sampaoli. «Plus que tout le monde, il veut réussir sa Coupe du monde, et il s’est préparé pour cela. Il me semble que c’est un moment spécial, il a la maturité, mais il faut l’aider et le laisser aussi profiter», ajoute Tapia, conscient que ce 21e rendez-vous du Mondial est un moment crucial dans la carrière internationale du joyau catalan, qui a débuté en sélection en 2005. Il le sait, c’est sa dernière chance de remporter un titre avec son pays, après avoir tout raflé en club.

Etre enfin décisif dans les moments clés

Finaliste malheureux de la dernière Coupe du monde (2014), ainsi que de trois Copa America (2007, 2015, 2016), Leo Messi compte plus que jamais sur le tournoi russe pour conjurer le moment sort, qui l’avait même poussé un temps à prendre sa retraite internationale au lendemain de la défaite en finale contre le Chili lors de la Copa America Centenario. Frustré d’être passé une nouvelle fois à côté d’un titre, ses performances étaient dans la lignée des précédentes compétitions qu’il a disputées avec l’Albiceleste : un niveau moyen, et plutôt indigne comparé à son statut de quintuple Ballon d’Or FF. Lionel Messi va disputer sa quatrième Coupe du monde, et s’il est apparu souvent en forme lors des phases de poules (5 buts – dont 4 en 2014 – et 3 passes décisives), le génie catalan a disparu des radars lors des matches couperets (aucun pion et seulement deux passes décisives), et la finale atteint au Brésil par l’Argentine relevait plus de la force mentale et collective albiceleste, symbolisée par Javier Mascherano, que des coups de génie de la «Pulga».

Son faciès décomposé sur l’herbe du Maracana à l’issue de la finale perdue contre l’Allemagne (0-1, a.p.) en disait long sur ce sentiment d’impuissance, lui qui n’a su offrir à son pays que le titre de champion olympique en 2008. L’Argentin compte plus que tout sur cette Coupe du monde, pour lui, et pour le peuple Ciel et Blanc, qui reste depuis 25 ans sans trophée majeur (Copa America 1993). «Il est très impliqué, il travaille conjointement avec l’équipe et donne l’exemple comme les grands le font, louait son coéquipier Nahuel Guzman il y a quelques jours. Nous espérons que nous pourrons célébrer chaque match à ses côtés. On doit tous faire en sorte que Leo brille.» Même son de cloche pour Willy Caballero : «Il donne l’exemple à l’entraînement mais également en dehors. Il est très concerné.»

L'Argentin compte plus que tout sur cette Coupe du monde.

Rentrer dans les livres d'histoire

Parier sur la prochaine édition au Qatar, en 2022, équivaut sans aucun doute à s’en remettre à une certaine science-fiction. Leo Messi aura 35 ans et s’il figure toujours dans la liste des 23, cela signifiera que la transition avec la nouvelle génération s’est mal effectuée ou que l’Argentine serait en mal de talents capables de prendre la relève. Cette édition russe constitue sans doute son dernier espoir de toucher le Graal, et ainsi d’être enfin comparé à la légende Diego Maradona (vainqueur en 1986). Claudio Tapia tempère, et préfère ne rajouter aucune pression sur le capitaine argentin : «On dit que si Messi ne gagne pas le Mondial, il ne sera pas supérieur à Maradona, mais je crois que ce sont des comparaisons qu’on devrait laisser de côté.»

Dans son pays, personne n’ignore qu’il a déjà dépassé par sa constance et la répétition de ses coups de génie el «Pibe de oro», et même Mario Kempes, autre légende albiceleste, vainqueur et meilleur buteur du Mondial 1978. Sans une consécration, le 15 juillet prochain à Moscou, il manquera, sans doute à jamais, dans les livres d’histoire le patronyme du Blaugrana, aux côtés des Pelé, Beckenbauer, Zidane, et Maradona justement. Il devra alors se ranger avec les Cruyff et autres Platini, et ce vide éternel de soulever le trophée de la plus prestigieuse des compétitions de football survivra. Une victoire finale n’arrive en plus jamais sans conséquences, puisqu’elle positionnerait l’Argentin, vainqueur de la Liga et de la Coupe du Roi cette saison, favorablement à l’obtention d’un sixième Ballon d’Or FF, au nez et à la barbe de son opposant préféré, Cristiano Ronaldo. Mais le petit prodige ne peut pas attendre ce but seul, et compte plus que jamais sur ses coéquipiers pour accomplir son rêve. «Le football est un jeu collectif, dans lequel tout le monde est important», a d'ailleurs tenu à rappeler le président de la Fédération…

Joffrey Pointlane