Memphis Depay of Holland during the UEFA Nations League A group 1 qualifying match between The Netherlands and Germany at the Johan Cruijff Arena on October 13, 2018 in Amsterdam, The Netherlands (Maurice van Steen/VI IMAGES/PR/PRESSE SPORTS)

«Apprenti sorcier» ; «Métamorphosé» : comment Memphis Depay a reconquis les Pays-Bas

Il s'en est passé du temps entre la Coupe du monde 2014, qui avait vu Memphis Depay se révéler, et les derniers mois qui l'ont vu renaître. Depuis peu, les Pays-Bas voient en l'attaquant lyonnais un nouveau leader pour les Oranje.

L’enfant terrible du football néerlandais a mis bien du temps avant de reconquérir les cœurs. Les Pays-Bas absents de l’Euro 2016 et de la Coupe du monde 2018, après une glorieuse période et deux demi-finales mondiales de suite en 2010 et 2014, Memphis Depay faisait figure de meneur de la nouvelle génération. Le Lyonnais avait brillé au Brésil en 2014, montrant tout son potentiel et nourrissant de grands espoirs pour la suite, avant de s’écraser tant sur le terrain que dans l’opinion des footeux néerlandais. Le journal Algemeen Dagblad s’en rappelle : «Lors de la Coupe du monde 2014, le joueur qui évoluait alors au PSV s'est présenté comme un talent prometteur, mais l'attaquant n'a pas réussi à devenir un élément déterminant de l'équipe nationale.» Le journaliste Willem Vissers, qui écrit principalement pour de Volkskrant, en a également parlé : «Memphis a été bon pendant la Coupe du monde 2014, couronnée de succès. Mais avec Robben et Van Persie qui vieillissaient, il était destiné à devenir le nouvel attaquant vedette. Cela prit un moment avant qu'il ne soit rayonnant

«Lentement, il approche du point où il est supposé être»

Et il l’est aujourd’hui, alors que les Oranje vont mieux. Une Ligue des nations jusqu’ici satisfaisante, avec un large succès contre l’Allemagne (3-0) et, certes, une défaite en France (1-2), mais avec les signes d’une équipe en progrès, loin du cinglant 4-0 encaissé sur la même pelouse du Stade de France un an plus tôt. Aussi, depuis le début de la saison 2017-2018, les Pays-Bas n’ont perdu que trois rencontres sur quatorze, dont les deux contre les Bleus donc. Memphis est bien l’homme qui symbolise ce renouveau. Sur cette même période, il a joué onze matches avec la sélection, inscrit sept buts et délivré deux passes décisives. Et le pays ne s’y trompe pas. «Lentement, il approche du niveau auquel il est supposé évoluer», lit-on dans de Volkskrant, qui rappelle aussi que l’attaquant n’a que 24 ans. Algemeen Dagblad pense la même chose : «Memphis Depay commence enfin à tenir sa promesse avec l'équipe nationale néerlandaise.» Le journal fécilite Ronald Koeman, le sélectionneur, pour ce retour en grâce : «Sous sa direction, Memphis joue désormais les premiers rôles chez les Oranje en tant qu'attaquant libre

Koeman préfère quant à lui louer son joueur : «Il a beaucoup grandi et il travaille avec ses coéquipiers. Il est génial, il devient un joueur de haut niveau.» Au point de faire de lui son fer de lance : «Il sait qu'il est l'un des noms que je couche en premier sur la feuille de match. […] Nous avons besoin de lui, surtout dans les positions offensives.» Koeman l’a donc placé dans l’axe, afin de le dédouaner des tâches défensives qu’il affectionne peu. Mais désormais, Memphis est prévenu : le nouveau leader des Pays-Bas, c’est lui. Il est «le talisman de la résurrection des Oranje», comme l’indique Willem Vissers. «Extrêmement fort, pas trop musclé, plein de piquant, de courage et de confiance en soi, avec des gestes qui enrichissent le football.» Le quotidien du soir NRC Handelsblad voit de son côté un joueur «en pleine croissance». De Volkskrant ne manque pas de qualificatifs pour décrire le nouveau Memphis : un «apprenti sorcier», qui est «fort, dynamique, actif, libre et avec une grande confiance en soi».

«Il est aussi métamorphosé en dehors du terrain»

Maintenant qu’il rayonne sur presque chaque pelouse qu’il foule, Memphis a le devoir de se montrer «aussi important en dehors du terrain», selon son entraîneur. Non pas en se faisant remarquer pour «son chapeau, ses tatouages ou sa nouvelle voiture», comme l’indique Algemeen Dagblad, mais par un leadership affirmé dans le vestiaire. Le brassard est pour le moment porté par Virgil Van Dijk, et le Lyonnais ne le récupèrera sans doute pas de sitôt. Mais il n’en a pas besoin pour guider la sélection néerlandaise. Pour Willem Vissers, il a déjà commencé : «Il est aussi métamorphosé en dehors du terrain. Il fait des blagues, est sympathique. Ses coéquipiers le trouvent super heureux.» 

Ne lui reste plus qu’à s’épanouir pleinement à Lyon, à y régler ses petits soucis sur lesquels la presse néerlandaise ne s’attarde pas trop. Quand c’est le cas, elle prend désormais la défense de Memphis, alors qu’elle n’hésitait pas à le dézinguer à son époque mancunienne. «Il n’a toujours pas une place de choix dans son club de Lyon», regrette Algemeen Dagblad. De Volkskrant pense déjà un départ de la France, où «la concurrence n’est pas aussi forte qu’en Angleterre ou en Espagne». Si c’est à l’Olympique Lyonnais que Memphis demandait un peu plus de respect à la fin du mois d’octobre, il est certain qu’il en a regagné beaucoup dans son pays ces derniers temps. À lui de surfer sur cette vague désormais.

Florent Le Marquis