27 October 2019, Norwich - Premier League Football - Norwich City v Manchester United - Anthony Martial of Man Utd celebrates scoring their 3rd goal - Photo: Charlotte Wilson / Offside. *** Local Caption *** (Charlotte Wilson/OFFSIDE/PRESS/PRESSE SPORTS)

Anthony Martial peut-il être rappelé en équipe de France et disputer l'Euro 2020 ?

Alors qu'il traverse actuellement une bonne passe avec Manchester United, l'attaquant de 24 ans n'a plus joué pour les Bleus depuis près de deux ans. Peut-il retrouver l'équipe de France et accrocher le wagon de l'Euro 2020 ? FF fait le point.

OUI

La configuration de la liste pourrait lui être favorable
Si Didier Deschamps a longtemps été très cartésien au moment d’établir la structure de ses listes, y intégrant systématiquement trois gardiens, huit défenseurs, six milieux de terrain et six attaquants dont deux avant-centres, le sélectionneur a remisé cette configuration au placard au moment de choisir les vingt-trois joueurs qui ont disputé le Mondial russe, à l’été 2018. Eu égard, notamment, à l’émergence de Kylian Mbappé et à la faculté du crack à pouvoir indifféremment jouer sur un côté ou dans l’axe. Une polyvalence dont Anthony Martial peut se targuer et qui pourrait faire le bonheur du Mancunien. Y compris - et peut-être même surtout - si DD décidait d’en faire un joker de luxe. Le numéro 9 de Manchester United pourrait alors parfaitement entrer en jeu à la place d’Olivier Giroud - sur qui le patron des Bleus semble vouloir compter jusqu’au bout - en cours de rencontre et/ou finir les matches sur le côté, pour mieux permettre à Mbappé d’occuper l’axe.

Un joueur en forme internationale 
Auteur de 7 buts et 3 passes décisives en 15 matches de Premier League, auxquels s’ajoutent 2 buts en Ligue Europa et une unité en Cup, Martial semble parti pour réaliser la meilleure saison de sa carrière mancunienne. Celui qui avait été transféré en Angleterre contre près de 80 millions d’euros (bonus compris) à l’été 2015, n’est même plus très loin de faire l’unanimité à Old Trafford. Auteur de 3 buts lors des 3 derniers matches disputés par les Red Devils - dont un doublé face à Newcastle lors du Boxing Day, l’attaquant semble en tout cas avoir conquis Ole Gunnar Solskjaer, son entraîneur. Au coeur de la période des fêtes, le Norvégien a été dithyrambique au sujet du Français : «La clé est de lui donner le ballon (…). Nous devons lui donner le ballon et l’alimenter (…). Nous devons servir Anthony davantage.» De bonne augure pour la suite de l’exercice 2019-20.

Anthony Martial est impliqué sur 10 buts lors de ses 13 dernières titularisations avec Manchester United. Tranquille.

Des concurrents aux états de forme disparates
Fin 2018, déjà, Thomas Lemar n’avait dû sa participation aux deux rencontres automnales des Bleus qu’au forfait de Martial. Début 2020, le rapport de force entre les deux anciens Monégasques ne semble pas s’être inversé, au contraire. En grande difficulté du côté de Madrid, le gaucher va peut-être même devoir songer à changer de club pour accrocher une place à l’Euro. Pour Kingsley Coman, la donne est différente. Le Munichois sort d’une très belle année chez les Bleus mais démarre 2020 sur le flanc. Régulièrement blessé, il avait notamment dû renoncer à la Coupe du Monde 2018 à cause d’une cheville qui lui pose fréquemment des soucis. Un forfait qui avait profité à… Florian Thauvin. Autre concurrent potentiel du natif de Massy, le Marseillais n’a de son côté pas encore repris l’entraînement collectif et semble partir avec une sérieuse longueur de retard. Dans un autre registre, Wissam Ben Yedder brille avec Monaco (13 buts et 5 matches en Ligue 1) mais se montre plus timide chez les Bleus avec 2 petits buts inscrits face à Andorre en 8 sélections et une prestation insipide face à la Turquie, en octobre dernier.

Anthony Martial lors de sa dernière apparition avec les Bleus, en mars 2018 face à la Russie (3-1). (P.Lahalle/L'Equipe)

NON

Près de deux ans sans lui 
La dernière sélection de Martial chez les Bleus remonte au… 27 mars 2018 et à un match amical face à la Russie, à quelques mois d’une Coupe du Monde que les Bleus ont remportée sans lui. En son absence, les coéquipiers d’Antoine Griezmann ont donc soulevé le Graal et vécu près de deux ans ensemble, ne se manquant que très rarement (82% de victoires en 2019, un peu moins de 70% en 2018, à partir du match qui a suivi sa dernière sélection). Mieux - ou pis, c’est selon, l’équipe de France s’est qualifiée pour une grande compétition à deux journées du terme des éliminatoires pour la première fois de son histoire. Une qualification «historique» à laquelle Coman a grandement contribué, lui qui a enchaîné cinq titularisations avec les Bleus pour la première fois de sa carrière. Avec trois buts et des prestations remarquées, le Bavarois a incontestablement gagné des points dans son match à distance avec l’ancien Monégasque. Dans le même temps, Jonathan Ikoné - de retour à un bien meilleur niveau ces dernières semaines avec Lille - a fêté sa première sélection chez les A en septembre 2019 et il n’a pas manqué ses débuts, au Stade de France (un but puis une passe décisive lors de sa deuxième sélection). Le fait que Deschamps soit peu enclin aux bouleversements de dernière minute n’est pas non plus de nature à rassurer Martial. Le sélectionneur fait peu évoluer ses listes d’un rassemblement à l’autre : depuis 2014, plus de 80% des appelés en mars ont ainsi participé à la grande compétition qui a suivi. Le Mancunien n’a donc plus de temps à perdre.

Attaquant d’une équipe irrégulière
Problème, l’équipe dans laquelle l’attaquant évolue n’est pas forcément celle qui assure à ses joueurs le plus de sérénité pour performer. Après un Boxing Day parfaitement négocié (4-1 face à Newcastle, doublé de Martial) et une victoire acquise de haute lutte sur la pelouse de Burnley (0-2, un nouveau but de l’international français), Manchester United a ainsi réussi la prouesse de relancer… Arsenal. À l’Emirates Stadium et face à une équipe qui était jusque-là en total manque de confiance, les coéquipiers de Marcus Rashford se sont fait dominer de bout en bout et les attaquants visiteurs ont dû se contenter de quelques miettes, en contre. Pas idéal pour briller. Et cela ne s’annonce pas forcément plus simple durant les prochaines semaines, qui verront les pensionnaires d’Old Trafford croiser la route de Manchester City à trois reprises d’ici début mars ainsi que celle des Reds de Liverpool, mais également le chemin de Chelsea ou de Wolverhampton.  

Peu de références chez les Bleus, ni en Ligue des champions… 
Autre argument qui ne joue pas en la faveur de celui qui fut, quelques mois durant, le joueur le plus cher de l’histoire du foot français, Martial ne possède pas un passé chez les Bleus à la hauteur des attentes que son talent avait fait naitre. En équipe de France, ce dernier n’a plus marqué depuis septembre 2016. Un but inscrit face à l’Italie qui représente la seule et unique réalisation de l’attaquant chez les A. Et s’il a par ailleurs délivré 4 passes décisives au cours de ses 18 sélections, cela ne pèse pas bien lourd face au bilan de certains de ses coéquipiers. Même constat en Ligue des champions, une compétition qui fait régulièrement figure de juge de paix dans l’esprit du sélectionneur national. Martial serait donc bien inspiré de briller durant les grosses affiches de Championnat qu’il lui reste à disputer d’ici la prochaine liste de Deschamps.

T.P.