goncalves (anthony) (A.Martin/L'Equipe)

Anthony Gonçalves (Caen) : «Il faudra assumer ce rôle»

À 33 ans, fort de ses 47 matches en L1 et 233 en L2, Anthony Gonçalves a renforcé Caen cet été. S'il reconnaît que Malherbe sera attendu, le milieu de terrain connaît l'état d'esprit nécessaire pour une montée dans l'élite. Avec un discours basé sur le collectif.

«Pourquoi avez-vous décidé de quitter Strasbourg ?
À la base, je ne me voyais pas partir de Strasbourg. Il y a eu une conversation avec le coach (NDLR : Thierry Laurey) en fin de saison dernière. J’ai compris que ce serait mieux pour moi de trouver un nouveau challenge. Je l’ai clairement compris. J’étais en contact depuis un moment, déjà, avec Caen. Le discours était le même que le club soit en Ligue 1 ou en Ligue 2. La descente n’était pas encore actée. C’est ce qui m’a plu et ce qui a fait pencher la balance. En face de moi, j’ai eu des vraies personnes qui ont envie de travailler pour le club et non pour eux-mêmes. Je me suis retrouvé dans ce discours, et le choix a été plus simple.
 
Ce que vous a dit Thierry Laurey, qui ne comptait visiblement pas sur vous, a-t-il pu être vexant ?
Non, non. C’est comme ça. Je suis assez mature pour entendre les choses. Il y a eu des déclarations de leur côté. Je sais ce qu’il en est. Je n’ai même pas envie de répondre sur cet épisode-là. Les vraies personnes savent très bien ce qu’il en est. Aujourd’hui, je suis dans un nouveau projet. J’ai passé trois merveilleuses années là-bas, dans l’Est. Cela a sans doute été le meilleur choix de ma vie. Je ne retiens que le positif avec ce public merveilleux et cet engouement. J’ai vraiment adoré et aimé ce club. J’ai tout donné.

«Aujourd'hui, de ce que je vois, tout le monde donne le meilleur de lui-même»

On pouvait pourtant penser que vous sortiez de votre meilleure saison à ce niveau…
En Ligue 1, oui, j’ai été performant sur les trois-quatre derniers mois. Quand je le suis, le coach te remet de match en match. Comme je l’ai dit, j’ai toujours l’habitude de tout donner, j’ai aussi eu pas mal de réussite en terme de statistiques (NDLR : Cinq buts et deux passes décisives en Championnat en 2018-19). Je me suis bien senti sur la seconde partie de saison. La première, j’ai eu quelques pépins physiques et l’équipe tournait bien. Et quand c’est le cas, il faut travailler encore plus pour saisir ta chance quand le coach te la donne. J’ai su la saisir au bon moment. Cela m’a servi derrière.
 
L’épisode Neymar face au PSG, en Coupe de France, et toutes les critiques qui ont suivi à votre sujet dans la foulée ont-ils pu vous faire du mal ?
Pas du tout.
 
Quand on goûte à la Ligue 1, on a envie d’y rester : a-t-il été dur de devoir retourner en Ligue 2 ?
Les contacts étaient pris avec Caen alors que la descente n’était pas actée. J’espérais que le club reste en Ligue 1. Ce serait mentir de dire l’inverse. Caen, c’est un club de Ligue 1 qui est aujourd’hui en Ligue 2, dans la mauvaise division. À nous de faire en sorte de rectifier les choses. Il y a beaucoup d’étapes. Il y a un nouveau staff, de nouveaux joueurs, cela ne va pas arriver comme ça. Il va falloir être patient, travailler avec beaucoup d’humilité et de solidarité. Aujourd’hui, de ce que je vois dans le vestiaire et au niveau des administratifs, tout le monde donne le meilleur de lui-même. J’espère aussi que le public répondra présent. Moi qui a connu la montée avec Strasbourg, c’est un élément essentiel. Les premiers matches, on jouait devant 15 ou 16 000 personnes. Et à force de tout donner sur le terrain, les supporters se sont reconnus en nous et, d’un coup, tu passes à 17, 18, 19 000 et tu arrives à avoir cet engouement qui te permet de soulever des montagnes. Ce sera un élément essentiel.

Mais aussi un grand défi : à Caen, ce ne sont pas les mêmes affluences qu’à Strasbourg…
Non, mais, l’année dernière, j’étais agréablement surpris quand on est venu jouer ici. L’équipe était en difficulté et il me semble que le speaker avait annoncé 19 000 personnes (NDLR : 14 290, en réalité, selon la LFP ; match nul 0-0 entre Caen et Strasbourg au stade Michel D'Ornano). Donc je pense que c’est une fausse idée qu’on a. Il y a un an ou deux, il y avait un taux de remplissage qui était le deuxième de Ligue 1. Il y a un potentiel pour que le public vienne. Ça dépend de ce qu’on donne sur le terrain. Le public a envie de voir des joueurs qui se battent. Le résultat sera ce qu’il sera, mais je pense que les supporters attendent qu’on fasse honneur au blason et à ce maillot. Ils sont prêts à pardonner pas mal de choses s’ils se rendent compte qu’on ne triche pas.
 
À votre arrivée, dans quel état avez-vous trouvé ce club de Caen qui est descendu après une saison très mouvementée ?
Il y a beaucoup de fraîcheur et d’envie. J’ai trouvé des personnes souriantes, avec une envie de passer vite à autre chose et de se donner à 100% pour le club. Je trouve qu’il y a un enthousiasme qui ressort. Tout est mis en œuvre pour qu’on puisse faire la meilleure saison possible. Je ne suis pas devin, je ne peux pas savoir ce qu’elle sera.

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«Les supporters sont prêts à pardonner pas mal de choses s'ils se rendent compte qu'on ne triche pas»

«Compenser nos manques de repères par beaucoup plus de générosité et de solidarité»

Quel est le discours ? S’affiche-t-on en candidat à la montée ou est-on prudent ?
(Il sourit.) Le problème est que les gens parlent pour nous. Quand tu es un club qui descend de Ligue 1, tout le monde te met dans les favoris pour remonter. Il y a trente-huit défis. Tu seras attendu sur tous les terrains de Ligue 2. Il faudra assumer ce rôle mais avec beaucoup d’humilité et beaucoup de travail. Dans la vie, je pars du principe que tu n’as rien sans rien. Ce n’est pas parce que tu enfiles le maillot du Stade Malherbe que le match est gagné. Je pense que ce sera encore plus dur pour nous. Il y a une phrase qui dit de prendre les matches les uns après les autres : c’est la réalité. Il y a tellement eu de mouvements au niveau sportif qu’il va falloir encore du temps pour que tout se mette en place. Il faudra essayer de compenser nos manques de repères par beaucoup plus de générosité et de solidarité.

Avec votre expérience, on imagine que vous allez avoir un rôle dans ce collectif…
Oui, j’ai un rôle parce que j’ai de l’expérience. Mais on apprend à tout âge. On est dans un vestiaire avec des personnalités et des cultures différentes. On peut tous apprendre de tout le monde. Je n’arrive pas en disant que c’est comme ci ou c’est comme ça et que je sais tout. Certes, j’ai un vécu, mais j’ai besoin d’avoir un collectif et des collègues pour avancer. Sans eux, je ne suis pas grand-chose. C’est l’esprit collectif qui va primer. Cela a toujours été ma façon de faire. Ce sera tous ensemble.»

Timothé Crépin