pogba (paul) griezmann (antoine) umtiti (samuel) varane (raphael) (R. Martin/L'Equipe)

Anniversaire de la Coupe du monde 2018 : 15 souvenirs d'un fol été Bleu

Il y a un an, les Bleus de Didier Deschamps faisaient chavirer la France une seconde fois en remportant la Coupe du monde en Russie, vingt ans après leurs aînés. Le majestueux point final d'un été riche en émotions et en souvenirs. FF vous propose de vous y replonger. Liste non exhaustive, bien évidemment.

Adrien Rabiot, un premier couac

Nous sommes le 23 mai 2018, et la Coupe du monde ne commence pas avant une grosse vingtaine de jours. Mais déjà, l’équipe de France a droit à sa première polémique. Adrien Rabiot, appelé par Didier Deschamps parmi les réservistes, décide de refuser cette convocation et de ne pas se rendre disponible pour les Bleus. Quelques jours plus tard, il publie même une lettre ouverte pour justifier son choix. Une situation parfaitement inédite qui vient écorner l’image du joueur, mais aussi et surtout perturber l’équipe de France à l’approche de son tournoi.

La «Décision» d'Antoine Griezmann

Un autre feuilleton a animé le début du Mondial des Bleus, en éclipsant un peu l’aspect purement sportif : celui de la fameuse «décision» d’Antoine Griezmann. Rester à l’Atlético Madrid ? Partir au FC Barcelone ? L’attaquant des Bleus annonce son choix dans un documentaire, produit par la société du Barcelonais Gérard Piqué, diffusé le 14 juin en Espagne. Soit deux jours avant l’entrée en lice des Bleus dans ce Mondial. Une communication étonnante, calquée sur celle de LeBron James en 2010, mais un timing pas forcément heureux. «C’est bien que ça se termine, Antoine. Maintenant, on entre dans la compétition et on est uniquement concentrés là-dessus», lui glissera Didier Deschamps, selon L'Equipe.

Le débrief animé

La victoire inaugurale des Bleus face à l’Australie (2-1) est une satisfaction sur le plan comptable - avec deux buts et trois points - mais beaucoup moins sur le plan tactique. Deux jours après le match, lors du débrief vidéo, Deschamps met ses joueurs face à leurs responsabilités, notamment sur leur manque d’engagement : «Vous avez couru huit kilomètres de moins que votre adversaire. Vous avez fait le pressing de façon désordonnée. Vous n’avez rien fait de ce qu’on vous a demandé», assène le sélectionneur, d’un ton ferme. Un recadrage qui aura pour mérite de remobiliser les Bleus après cette première un peu ratée. Mais pas que…

Le changement gagnant

L’autre conséquence de ce débrief post-Australie a été le changement tactique payant opéré par Didier Deschamps dès le match contre le Pérou. En 4-3-3 contre l’Australie avec un trio offensif Mbappé-Griezmann-Dembélé, le sélectionneur décide de passer à un 4-2-3-1, avec Matuidi dans un rôle de milieu gauche. Une solution, d’abord censée répondre à une équipe péruvienne ayant une forte tendance à pencher à droite, mais qui se révélera finalement comme la formule tactique qui apportera de la stabilité à ces Bleus et les emmènera jusqu’au bout de l’été russe.

La frappe de bâtard

Après un match indigeste contre le Danemark, la France signe en huitièmes de finale contre l’Argentine son match référence. Son chef-d’œuvre. Sa Joconde. Un match symbolisé, évidemment, par le but complètement fou de Benjamin Pavard, une demi-volée fouettée téléguidée dans la lucarne d’Armani. Le monde apprend le nom du jeumontois, et la légende de la «frappe de bâtard» naît, en même temps que celle de Kylian Mbappé, auteur d’un match époustouflant, grandit. Un tournant dans le Mondial des Bleus.

«Ça va s'appeler le Winchester FC, avec une ambiance sud-américaine»

Sur le chemin du retour vers le camp de base d’Istra, après leur victoire contre l’Argentine, une séquence filmée et diffusée sur les réseaux sociaux des Bleus va devenir un véritable «meme». Elle montre Ousmane Dembélé, qui raconte sa folle aventure sur le jeu Football Manager avec un club créé de toutes pièces : «Je veux créer mon propre club, ma propre histoire. Et c’est en Angleterre. A Winchester… ouais. Si t’as vu la série The Last Kingdom, à Winchester ça se passe. Donc je vais créer un club là-bas, ça va s’appeler le Winchester FC, avec une ambiance sud-américaine. Et là je vais monter jusqu’en Premier League.» L’épopée de Dembélé et du Winchester FC deviendra un fil rouge de cette compétition, avec des vidéos postées régulièrement pour prendre des nouvelles de l’ascension du club. Le vrai club de Winchester s’est même manifesté, félicitant le joueur après le titre. Ou quand la réalité dépasse la fiction.

L'extincteur

Celui qui raconte le mieux cette histoire, c’est encore Adil Rami. Le défenseur marseillais était revenu sur cet épisode sur le plateau de TF1, au lendemain de la victoire des Bleus face à la Croatie en finale. Tout se passe dans la soirée qui a suivi le match contre l’Argentine, après qu’une partie du groupe a passé la soirée dehors, dans un restaurant de Moscou : «Quand on est rentré, avec l'ambiance, on s'est mis à chanter dans les couloirs. Fidèle à moi-même, je me suis mis avec mon casque, nu, et je jouais à Fortnite dans ma chambre. Dans les couloirs, ça chantait, ça chantait, et les mecs tapaient chambre par chambre pour réveiller. J'ai senti la tempête arriver vers moi. Dès qu'il y en avait un qui avait le malheur d'ouvrir sa porte, ils retournaient les lits, etc. Moi j'avais pris un extincteur dans ma chambre. Sécurité, on sait jamais. Et là je sors pour savoir ce qu'il se passe, y a Ben Mendy qui bloque la porte avec son pied. Il a alors crié et dit ''venez, on va mettre le dawa dans la chambre d'Adil Rami''. Je suis parti en courant, j'ai dégoupillé l'extincteur et quand ils sont rentrés, ghostbuster (il mime le geste).» L’hôtel avait alors dû être évacué, en pleine nuit. Un incident qui n’a pas vraiment plu à Didier Deschamps sur le coup, mas qui est resté au final comme l’un des moments marquants de cet été Bleu. Et qui a définitivement forgé l’image d’ambianceur d’Adil Rami.

Griezmann, l'Uruguayen

Le quart de finale contre l’Uruguay avait une saveur toute particulière pour Antoine Griezmann. Le Français entretient une belle histoire d’amour avec l'Uruguay, d’où il a tiré son amour inconditionnel pour le maté. En club, que ce soit à la Real Sociedad ou à l’Atlético, il a eu de nombreux coéquipiers uruguayens, et a de bons amis dans la Celeste - Diego Godin, son coéquipier à l’Atlético, est même le parrain de sa fille. Buteur sur une frappe lointaine, bien aidé par une faute de main de Muslera, l’attaquant français n’a d’ailleurs, logiquement, pas célébré son but.

Casse la démarche

France-Belgique, demi-finale de la Coupe du monde, 51e minute. Samuel Umtiti fend l’air de Saint-Pétersbourg et transperce les filets de Thibaut Courtois d’une tête rageuse. Sa célébration, un déhanché le long de la ligne de but se terminant par un baiser sur le blason, deviendra iconique. D’autant plus avec les quelques mots d’ouverture du tube de Vegedream, «Ramenez la coupe à la maison» : «Casse la démarche comme Samuel, Samuel Umtiti». Une célébration à la hauteur de l’événement. «C’était préparé, mais quand je l’ai préparé ça ne donnait pas ça du tout», avouera-t-il dans une interview diffusée sur les réseaux de l’équipe de France. Quelques jours après le match, dans le documentaire de TF1 «Au cœur de l’épopée russe», des images exclusives dans le vestiaire des Bleus montreront le Barcelonais s’asperger du «parfum de la victoire» à la mi-temps. Prémonitoire.

Le seum

C’est un running gag qui est devenu l’attaque préférée des Français à leurs meilleurs ennemis belges. Les sorties amères de Thibaut Courtois et Kevin De Bruyne après la défaite en demi-finale face aux Bleus ont rapidement inspiré les réseaux sociaux, qui ont rapidement moqué le «seum» des Diables Rouges. A un tel point qu’encore à ce jour, le drapeau belge est, sur les réseaux, synonyme de seum.

La France chantonne

«N’Golo Kanté, pala, palala», «Benjamin Pavard, je ne crois pas que vous connaissez», «à gauche, N’Golo Kanté, à droite, N’Golo Kanté, derrière, N’Golo Kanté, devant, Kylian Mbappé» ou encore «Il m’emmène au bout de la nuit, Samuel Umtiti», les Bleus auront été les héros de chansons qui ont entêté les foules durant toute la compétition. Particulièrement sous l’impulsion de So Foot, à l’origine du tube sur N’Golo Kanté, que les Bleus auront été jusqu’à entonner à l’Elysée au lendemain de leur sacre. 

L'enceinte de Presnel

Elle fût une héroïne de l’ombre de la saga estivale de l’équipe de France, présente partout, à tout moment, jamais à court de voix, visible surtout sur les stories Instagram des uns et des autres. Elle, c’est l’enceinte Bluetooth de Presnel Kimpembe. Naza, Maître Gims, JuL, Niska, Booba, Magic System : à défaut d’avoir été un cadre sur le terrain, le défenseur parisien a été le DJ du vestiaire, choisissant avec soin la playlist qui accompagnait le groupe France.

Paul Pogba, le leader

Le capitanat a beau appartenir à Hugo Lloris, le leadership a été la propriété de bien des hommes, et s’est exprimé sous bien des formes lors de cette Coupe du monde en Russie. Paul Pogba, lui, était le leader vocal de cette équipe, prenant souvent la parole pour motiver les troupes, trouvant toujours les mots justes pour galvaniser les siens. D’abord avant le match contre l’Argentine, lorsqu’il dit «Je veux pas rentrer ce soir. Demain, on sera encore à l’hôtel. On va encore bouffer ces putains de pâtes. On ne rentre pas chez nous.» Puis avant l’Uruguay, lorsqu’il invoque son coéquipier suspendu Blaise Matuidi : «Aujourd’hui, Blaise il est sur le banc, il est dégoûté. Il a envie de jouer encore plus que tout le monde. C’est pour ce mec qu’on va se battre sur le terrain.» Et enfin, évidemment, avant la finale contre la Croatie : «Aujourd'hui, on ne va pas laisser une autre équipe prendre ce qui est à nous. Je veux que ce soir on soit dans la mémoire de tous les Français qui sont en train de nous regarder. Leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs petits-enfants encore. Aujourd'hui il y a 90 minutes pour rentrer dans l'histoire à vie. A vie les gars ! Maintenant je vous regarde, je ne vais pas crier, je veux qu'on rentre sur le terrain, des leaders, des guerriers. Et après je veux voir des larmes, pas des larmes de tristesse, des larmes de joie, en train de s'embrasser sur le terrain.» Et les larmes, il les a vues.

«... et on est champions du monde»

C’est une séquence capturée à chaud, alors que les Bleus viennent de remporter leur deuxième Coupe du monde et que toute pression s’est envolée des épaules bleues. Adil Rami et Antoine Griezmann se présentent en zone mixte, hilares, et l’attaquant madrilène de raconter heure par heure la journée qui l’a menée à ce moment historique. Un moment drôle, sincère, dans lequel on apprend qu’un «con, ou un fou» a tambouriné à la porte d’Antoine Griezmann pour le réveiller, qu’il a mangé des pâtes à midi, qu’après ce repas il a évacué ses gaz dans sa chambre, «ce qui est normal», regardé deux épisodes de «The Last Kingdom» ou appelé le room service pour demander «un litre d’eau chaude, pour le maté». La conclusion ? «… et on est champion du monde.» Tout simplement.

Les Bleus (se) défilent

A été exceptionnel, conclusion frustrante. Le rendez-vous des Bleus avec son public a été manqué. Des heures d’attente sous un soleil de plomb, du retard et une descente express : les Bleus ont à peine eu le temps de partager le trophée obtenu la veille avec les Français qu’ils étaient en costume sur le parvis de l’Elysée. Une énorme frustration pour les supporters présents, et un raté d’organisation qui a amèrement conclu cette parenthèse enchantée.

Alexandre Aflalo