Andrea Raggi, le défenseur de Monaco. (P.Lahalle/L'Equipe)

Andrea Raggi (Monaco) : «C'est la tête qui va compter»

À deux jours du match contre Amiens, au Stade Louis-II (samedi, 20h00), Andrea Raggi, le défenseur italien de l'AS Monaco, insiste pour que l'équipe change d'attitude après les gifles reçues à Paris et à Guingamp.

«Etes-vous énervé par la situation actuelle de l'AS Monaco après ces deux défaites à Paris (7-1) et à Guingamp (3-1) ?
On est tous énervés. On est en difficulté mais on est encore deuxième, on a soixante-dix points et un petit avantage. Il faut rester ensemble, compact. Samedi, on a la première de nos quatre finales (Caen, Saint-Etienne et Troyes, ensuite en Championnat), il faudra la jouer à fond et essayer de gagner.
 
Le mot d'ordre, aujourd'hui, à Monaco, c'est «surtout pas de panique»?
Bien sûr, pas de panique. Si on panique c'est la fin. Il faut prendre conscience qu'on est en difficulté mais on a déjà connu des moments comme celui-là, et on s'en était sortis.
 
Que s'est-il passé pour que votre avance de sept points fonde aussi vite?
On a manqué deux matches dans notre saison : à Paris et à Guingamp. On a eu deux matches très compliqués à l'extérieur. On ne s'était pas dit qu'on était tranquille et déjà deuxièmes, vraiment pas. Mais l'attitude qu'on a montrée n'était pas bonne et il faut changer cela. Mais c'est le foot, tu peux tomber d'un coup. Seules les grandes équipes sortent de ces moments difficiles.

«Ce n'est pas plus mal que le stress et la tension augmentent avant ce match»

Certains joueurs ont-ils la tête ailleurs, à la Coupe du monde ou à leur avenir personnel ?
Je ne sais pas. Dans chaque équipe, il y a trente cerveaux, on ne peut pas être dans tous les cerveaux. Mais je ne pense pas, franchement. J'ai entendu des journalistes dire que des joueurs pensaient déjà à l'équipe nationale, bla, bla...Pour moi, non. On parle de joueurs comme Fabinho ou Thomas (Lemar), ce sont des mecs professionnels, moi je dis non. Et c'est la vérité.
 
Etes-vous inquiet sur le degré de motivation du groupe, contre Amiens ?
Samedi, il faudra entrer sur le terrain avec beaucoup de préoccupations. Dans un moment comme celui-là, je parle pour moi et pour l'équipe, l'attention et la concentration doivent être à 200%. C'est comme ça qu'on sortira un gros match. Si on a la même attitude samedi qu'à Paris et à Guingamp, même contre Amiens, ce sera difficile.
 
Votre avance est faible, cela peut-il vous crisper ?
Il faudra gagner c'est obligatoire. On a encore notre destin en mains. Après, on verra. On avait sept points d'avance, ça veut dire deux jokers. On a aussi perdu le goal-average. On a utilisé nos jokers, il reste quatre matches compliqués pour nous, mais aussi pour Lyon et Marseille. On est bien physiquement, c'est la tête qui va compter. Toute la semaine on a bien travaillé ensemble. Ici, il n'y a pas de problème dans le vestiaire. Mais il faut augmenter la concentration. Ce n'est pas plus mal que le stress et la tension augmentent avant ce match.

«Notre vestiaire est toujours resté compact.»

Qu'arrive-t-il à Thomas Lemar en ce moment. Il est nettement moins performant depuis la finale de la Coupe de la Ligue...
C'est un mec magnifique. Je suis sûr que dans ces derniers quatre matches, il va aider l'équipe, comme Fabinho. On est tous triste après avoir fait ces matches-là, il faut sortir la rage qu'on a en nous pour démontre que ce n'est pas le vrai Monaco qu'on a vu ces dernières semaines.
 
Le vestiaire monégasque a toujours eu la réputation d'être très uni depuis des années. Est-ce un peu moins le cas en ce moment ?
Franchement, non. Je vous dis la vérité. Notre vestiaire est toujours resté compact. Après, dans tous les vestiaires du monde, celui qui joue est content et celui qui ne joue pas n'est pas content. Il n'y a pas un vestiaire où les trente joueurs sont contents de leur situation personnelle. Mais on et toujours ensemble.
 
C'est pourtant la première fois qu'on entend parler autant d'un problème d'attitude des joueurs à Monaco.
Oui c'est vrai. Si on entre sur le terrain avec la prétention de penser que ce sera facile, mais qu'on ne gagne pas les duels et qu'on ne va pas à la guerre, tout devient difficile.
 
Pourquoi la dynamique s'est cassée?
Franchement je n'ai pas d'explication. On est tombés comme ça. Il faut oublier et se remettre la tête dans le bon sens.

«Il faut arrêter de penser aux sept buts de Paris et aux trois de Guingamp sinon on est morts»

C'est la finale de la Coupe de la Ligue ou le 7-1 à Paris qui vous a fait si mal ?
Le match à Paris, franchement, c'est dur... La semaine qui a suivi, moi, j'avais vraiment honte, une claque comme celle-ci fait mal à un joueur, à sa carrière, au club... Je ne l'ai pas oubliée, elle reste dedans. Mais ça peut arriver dans le foot. Je me rappelle du Brésil-Allemagne (7-1), après, ça peut passer. La force d'un champion est de regarder dans le futur. A Guingamp, on était peut-être encore la tête à Paris. On a mérité de perdre, ils ont mieux joué que nous. Mais il faut arrêter de penser aux sept buts de Paris et aux trois de Guingamp sinon on est morts. Il faut penser à samedi.
 
Les têtes sont-elles lavées selon vous ?
Cette semaine j'ai vu une équipe costaude. On était ensemble. On a fait un bon travail avec le coach et je pense qu'on est prêt.
 
Pourquoi n'êtes-vous pas entré en jeu à Guingamp après l'expulsion de Jemerson ?
La vérité c'est que j'ai une inflammation costaud au tendon depuis plusieurs semaines. Je prends deux Voltarène par jour. Mais je ne m'arrête pas, je m'en bats les c..., je donne tout. Si le tendon claque je m'arrête mais pour l'instant je suis là.
 
Vous allez jouer dans l'axe contre Amiens ?
Le coach décidera. Je prendrai du Voltaréne et je serai prêt (rires). Il faut le faire, même avec des douleurs et des petits soucis, il faut tout donner jusqu'à la fin. La mentalité c'est ça.»