(A.Reau/L'Equipe)

Algérie : 100 % Robusta

Sublimée par ses stars offensives (Mahrez, Bounedjah), l'Algérie est également symbolisée par sa charnière centrale où Aïssa Mandi et Djamel Benlamri sont plus que solides au poste.

Meilleure défense de la dernière CAN avec deux buts encaissés, dont un seul dans le jeu (Jonathan Kodjia, en quarts de finale face à la Côte d'Ivoire), l'Algérie, invaincue sur ses seize derniers matches, est devenue une forteresse difficile à déséquilibrer (8 buts encaissés en 16 matches). Ces dernières années, et notamment lors de la CAN 2017, l'Algérie était devenue un collectif perméable où les joueurs ne faisaient plus les efforts ensemble. Pis encore, une sélection où il était impossible d'installer une charnière centrale compétitive. Alors que Mehdi Jean Tahrat était attendu comme un possible titulaire lors de la CAN, Djamel Belmadi a finalement choisi d'associer Aïssa Mandi et Djamel Benlamri. Ce dernier a notamment étonné par ses performances : «Le premier grand coup de Belmadi, c'est les c..... qu'il a eues d'aller chercher Benlamri, qui évolue dans un Championnat secondaire (Arabie Saoudite) souligne Brahim Thiam, ancien international malien désormais consultant pour beIN Sports. On l'a critiqué mais il l'a installé avant la CAN comme titulaire. C'était le plus gros chantier.»

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Ancien grand espoir du football algérien, Djamel Benlamri, passé par le NA Hussein Dey et la JS Kabylie, a dû attendre la nomination de Belmadi pour connaître sa première cape. Et il n'a pas déçu... Son abnégation a été remarquable, comme lors de la finale de la CAN où il s'était ouvert la pommette droite lors d'un duel avec Sadio Mané. Du début à la fin de la compétition, Benlamri a repoussé les ballons chauds, du pied ou de la tête, et a limité l'influence de tous les attaquants qu'il a croisés. «Il sait quelles sont ses forces et ses faiblesses, poursuit Thiam. Quand il décide d'aller au duel, il y va avec beaucoup de conviction, c'est pour cela qu'il en gagne autant. Quand il ne peut pas y aller, il n'y va pas. S'il est court sur l'intervention, il tacle. C'est un vrai défenseur.» Agé de 29 ans, le défenseur d'Al-Shabab-Riyad n'a jamais évolué en Europe. Une anomalie ? «Je peux vous donner une liste de centraux qui jouent ou jouaient en Ligue 1. Moi je prends Benlamri les yeux fermés. Il est au-dessus», nous explique l'ancien défenseur central. Face à la Colombie, Benlamri a encore répondu présent, tout comme Aïssa Mandi. Le défenseur du Betis Séville revient de loin... Critiqué à partir de 2015 et notamment lors des éliminatoires au Mondial 2018, Aissa Mandi dont la place n'était pas garantie comme titulaire à la CAN 2019, a réussi en Egypte une compétition XXL qui a fait de lui le meilleur défenseur du tournoi.

Mandi a bien grandi

Parfois un peu juste par le passé dans le duel en terres africaines, l'ancien joueur de Reims a significativement augmenté son niveau de combativité, sans pour autant perdre ses principales qualités. «Il y a eu des moments difficiles, mais c'est un joueur qui n'a pas baissé la tête. Il est très sérieux et rigoureux. On sent désormais un leader par les mots et par les actes», analyse Brahim Thiam. Un constat qu'avait lucidement effectué Mandi sur le site de FF juste avant la CAN : «En 2015 (NDLR : élimination en quarts), en 2017 (NDLR : élimination en poules), on a été déçus. Personnellement, c'était compliqué. Je suis un gagneur, j'ai envie de gagner quand j'entre dans une compétition. Mais ce n'est pas pour autant que j'ai baissé les bras et que j'ai abandonné. On apprend avec des échecs» nous avait-il expliqué à l'époque.

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Depuis, il a effectivement appris de ses échecs pour être devenu indispensable : «Il n'est pas hyper rapide. Mais comme Marquinhos, Aïssa Mandi est un joueur très intelligent. Il est bon dans son placement et il a une excellente lecture du jeu, ce qui lui permet d'être dans l'anticipation», nous explique un recruteur d'un club qualifié en C1, présent au au stade Pierre-Mauroy ce mercredi. La paire Aïssa Mandi-Djamel Benlamri est l'un des atouts principaux de Djamel Belmadi, mais c'est toute une animation qui a été imaginée par le sélectionneur comme sur les phases offensives où l'Algérie a été souvent exposée par le passé. «Le jeu de l'Algérie penche essentiellement à droite avec Atal et Mahrez. A gauche, Benseibaini joue moins haut quand il ne rejoint pas Mandi et Benlamri pour former une défense à trois. Adlène Guedioura n'est jamais très loin de sa défense. Ce qui permet de ne pas laisser beaucoup d'espaces entre les lignes lorsque l'Algérie perd le ballon», analyse le scout. Solides, capables de transitions offensives ultra-efficaces, les joueurs algériens attaquent et défendent ensemble. L'équipe a retrouvé l'état d'esprit qui lui avait permis d'atteindre les huitièmes de finale du Mondial 2014. Il va falloir essayer de rester le plus longtemps possible dans cette dynamique. C'est, aujourd'hui, le plus grand défi de Djamel Belmadi...

Nabil Djellit