Mandi in match belonging to Santander League facing Real Betis v FC Barcelona stadium Benito Villamarin in Seville on March 17, 2019 photo Cristobal Duenas Cordon Press *** Local Caption *** (Cristobal Duenas/CORDON/PRESSE/PRESSE SPORTS)

Aissa Mandi : «Notre ambition, c'est de gagner la CAN 2019»

Une nouvelle fois attendue au tournant, l'Algérie démarre sa Coupe d'Afrique des Nations face au Kenya dimanche (22 heures). Aissa Mandi, défenseur du Betis Séville, porte un regard lucide sur la trajectoire des Fennecs. Sans se cacher.

«Aissa, l'Algérie a-t-elle plus que jamais la pression pour cette Coupe d'Afrique des Nations ?
Non, je ne pense pas. On avait surtout la pression en 2015 puisqu'on sortait d'une bonne Coupe du monde. Mais en Algérie, il est sûr qu'on aura tout le temps la pression. Le peuple veut toujours qu'on gagne la CAN. Et nous, on veut toujours la gagner aussi. On est ambitieux. On est l'Algérie. On va dans une compétition comme celle-là pour la gagner.

Y a-t-il un objectif minimum ?
Non, il n'y a pas de minimum. Dans ce genre de compétitions, venant de l'Algérie, il faut être ambitieux. On va passer par des moments difficiles, on sait très bien qu'il ne faudra pas baisser la tête et être courageux. Notre ambition, c'est de la gagner, le coach l'a dit clairement. Et nous, les joueurs, on est d'accord avec lui. Quand on commence quelque chose, il ne faut pas se dire : "Allez, on va essayer de passer les poules", "Allez, on va passer les quarts". Non. Quand on est vraiment compétiteur dans l'âme, c'est la gagne. Quand tu vois une équipe qui dispute la même compétition que toi et qui la gagne, ça fout les boules. On a envie de gagner cette CAN.

Est-ce pesant d'avoir toujours cette pression populaire et que l'on vous rabâche toujours le fait que vous disposez d'une génération talentueuse ?
Ça fait partie du football. Et encore plus en Algérie : ça fait partie de la sélection. Quand tu joues pour l'Algérie, tu joues avec cette pression. Les gens sont derrière toi à t'encourager. Je ne sais pas combien ils seront en Egypte, mais on sent toujours ce peuple derrière nous pour nous pousser à aller le plus loin.

Vous avez évidemment envie de gagner : récemment, sentez-vous qu'il y a une progression dans cette équipe qui pourrait faire qu'une victoire serait possible ?
Il est vrai que cela n'a pas été top en sélection durant ces deux ou trois dernières années. On a enchaîné les coaches, les joueurs... C'était un peu bizarre. On n'a pas eu les résultats escomptés. Tout le monde a été à pointer du doigt. Avec les joueurs en premiers. Ce sont nous qui sommes sur le terrain et il faut répondre présent quand on y est. Là, on sent un autre état d'esprit dans le groupe et dans la façon de jouer.

La fiche d'Aïssa Mandi

Ces deux ou trois années que vous évoquez ont-elles été interminables ?
C'a été très long. Très long. Tout le monde veut qu'on aille loin à la CAN et qu'on la remporte. Et avoir une génération comme celle qu'on a... C'est un échec. En 2015 (NDLR : élimination en quarts), en 2017 (NDLR : élimination en poules), on a été déçus. Personnellement, c'était compliqué. Dans mon caractère, je suis un gagneur, j'ai envie de gagner quand j'entre dans une compétition. Mais ce n'est pas pour autant que j'ai baissé les bras et que j'ai abandonné. On apprend avec des échecs. À la fin de ces trois ans, on a parlé pour faire un bilan de ce qui allait et, surtout, de ce qui n'allait pas. Il y a eu plusieurs discussions en groupe car il fallait mettre les choses à plat et dire les choses clairement. Des discussions intéressantes au sein d'un groupe. C'est ce qu'il s'est passé. Depuis, on a trouvé du mieux sur et en dehors du terrain. Ça nous a fait du bien. Maintenant, on repart ambitieux et vers l'avant. Je ne sais pas si ça va fonctionner. Mais on sent qu'il y a du mieux. Il faut que ça se reproduise pendant la compétition. On a hâte que ça commence. J'espère qu'on va apprendre des deux CAN précédentes pour être ambitieux et aller le plus loin possible pour celle de 2019.

À quel niveau peut-on dire qu'il y a du mieux ?
À peu près sur tous les aspects. Dans les efforts, dans la discipline, etc. Ça ne veut pas dire qu'on était indisciplinés auparavant mais on a essayé de s'améliorer dans tous les aspects du jeu et hors terrain. Il faut se remettre en question quand on connaît de tels échecs. Ce n'était pas catastrophique mais il fallait améliorer des choses. Et c'est ce qu'on essaie de faire au quotidien. L'arrivée de Djamel Belmadi a aussi été un changement important. Il a su nous dire les choses qu'on devait entendre. Et on a su les entendre aussi. Des discussions nécessaires.

Dans cette CAN, quelles équipes peuvent vous impressionner et aussi prétendre à aller loin ?
Nous impressionner, je ne sais pas... Il y a beaucoup de bonnes équipes. Le Sénégal a fait une superbe Coupe du monde en 2018, ils sont assez complets. Les grandes nations reviennent tout le temps. On verra. C'est le terrain et la compétition qui décideront.

Pour voir la finale, il faudra d'abord se débarrasser de la Tanzanie, du Kenya et du Sénégal !
C'est un groupe difficile. En Afrique, plus le temps passe, plus les soi-disant petites équipes deviennent fortes. C'en est même compliqué de sortir des poules. Mais on a notre ambition et on sait qu'il y aura zéro match facile.

«Djamel Belmadi a su nous dire les choses qu'on devait entendre»

Voyez-vous le niveau du foot africain augmenter de plus en plus ?
Oui, oui. Il n'y a pas de matches faciles en Afrique. Encore moins à la CAN. Il n'y a pas de gros scores. Les nations pas très connues vont faire le travail, vont essayer de te gêner et essayer de gagner des rencontres pour rendre fier leur peuple. Disputer une CAN, c'est quelque chose d'énorme. Je vais disputer ma troisième CAN. C'est toujours un plaisir et une fierté énorme de pouvoir défendre son pays dans des matches amicaux. Alors dans une compétition comme la CAN, c'est un sentiment un peu indescriptible. Rien que d'être dans les 23 est un plaisir énorme.

Vous allez donc finir votre saison personnelle avec l'Algérie. Quel bilan faites-vous de votre exercice 2018-19 avec le Betis Séville ?
C'était une saison réussie jusqu'à février. Ensuite, on s'est fait éliminer par Rennes (en Ligue Europa) et par Valence en Coupe du Roi aux portes de la finale. Une finale qui se jouait dans notre stade. On avait vraiment envie d'y aller. On avait tout fait pour. Ça nous a mis un sacré coup au moral et cela a été dur à digérer. On n'a pas réussi à se relever de ces échecs-là. C'est dommage parce qu'on avait les capacités pour essayer d'aller en Ligue des champions ou au moins en Europe (NDLR : Le Betis a fini 10e en Liga). Au final, ce n'est pas une saison réussie puisque l'objectif était d'aller en Europe pour la seconde saison de suite.

Pourtant, durant les premiers mois de la saison, le jeu du Betis était loué en Europe...
Oui, du jeu et des résultats. Tout le monde nous complimentait sur notre façon de jouer. On était bien classés en Championnat. Mais ça ne suffit pas. On a baissé de régime, c'est un peu inexplicable, on ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé. Psychologiquement, cela a été dur.

Vous sentez-vous toujours aussi bien en Espagne ?
Je me sens bien. Je ne l'ai jamais caché. Cela fait déjà trois ans que je suis là-bas. Ensuite, on verra. Il me reste encore deux ans de contrat. On a pris énormément de plaisir à jouer cette saison, on a bien vécu tous ensemble malgré la déception à la fin.»

«Défendre son pays dans une compétition comme la CAN, c'est un sentiment un peu indescriptible»

Timothé Crépin