Soccer Football - Champions League - Round of 16 First Leg - Olympique Lyonnais v FC Barcelona - Groupama Stadium, Lyon, France - February 19, 2019 Barcelona's Luis Suarez reacts REUTERS/Emmanuel Foudrot (Reuters)

Âge, méforme et perte de confiance : Luis Suarez (FC Barcelone) est-il sur la fin ?

À 32 ans, Luis Suarez est bien loin de son meilleur niveau. En proie à des difficultés sur le plan physique et à une crise de confiance, l'attaquant du Barça donne l'impression d'être sur la fin. Mais attention à ne pas enterrer trop vite un tel champion...

17 buts et 8 passes décisives en 34 matches, toutes compétitions confondues. Les attaquants du monde entier rêvent d’avoir de telles statistiques. Mais pour un monument comme Luis Suarez, ce n’est pas suffisant. Ses standards sont différents du commun des mortels. Surtout, les chiffres ne disent pas tout. Le buteur n’a pas encore trouvé la faille en Ligue des champions par exemple. Pire encore, l’Uruguayen connaît une véritable traversée du désert dans cette compétition. En témoigne sa prestation catastrophique à Lyon lors du match aller du huitième de finale. Ce soir-là, il a tout raté, s’attirant les foudres de la presse catalane. Mundo Deportivo a titré «25 heures sans marquer !» pour mettre en lumière l’incroyable disette de Luis Suarez à l’extérieur en Ligue des champions. Son dernier but lors d’un voyage européen remonte au 16 septembre 2015 (à la Roma, 1-1), soit quasiment trois ans et demi. Depuis, en 16 matches, le buteur est resté muet. Une éternité et une réelle anomalie pour un joueur de sa trempe.

Lire : La presse catalane cible Suarez après le nul à Lyon

Une efficacité en baisse

D’ordinaire toujours régulier et fiable en Championnat, le Pistolero a également connu une période difficile récemment. Avant le match contre Séville samedi dernier, Luis Suarez a passé un mois sans scorer en Liga. Dans une équipe qui domine quasiment la totalité de ses matches et avec Lionel Messi à la passe, cette inefficacité est problématique. C’est d’ailleurs l’Argentin qui a permis à l’Uruguayen de retrouver le chemin des filets à Sanchez Pizjuan, d’une merveille de passe. Nul doute que ce but a fait un bien fou à un joueur qui vit essentiellement de ça.

En délicatesse avec son physique

Il s’agit certainement de la grande différence entre le Luis Suarez au sommet de son art et celui qui évolue actuellement. Avant, l’attaquant était un des seuls au monde à pouvoir régulièrement inventer un but tout seul. Nul besoin d’être servi dans un fauteuil, l’Uruguayen s’occupait parfois de tout avec son flair, sa robustesse, sa vitesse et sa finition chirurgicale. Désormais, il a clairement besoin d’être assisté. Il n’est plus en mesure de changer un match depuis quelques temps. Et comme très souvent avec lui, l’explication est à trouver sur le plan physique. A la manière d’un Rafael Nadal au tennis, Luis Suarez a énormément usé son corps tout au long de sa carrière. C’est sa force principale. Alors il a tiré sur la corde. Il a parfois compensé son relatif manque de technique par une intensité et une énergie folles. Aujourd’hui, il en paie peut-être les pots cassés. Comme Diego Costa, Suarez est le genre d’attaquant qui a besoin d’être à 100% physiquement pour s’exprimer. Or, il est loin de l’être. L’impression visuelle laisse à penser qu’il a quelques kilos en trop. Depuis quelques mois, Luis Suarez traine des problèmes au genou droit, le contraignant à suivre un traitement biologique. Problème, l’Uruguayen ne peut pas réellement prendre le temps de se soigner correctement.

Une utilisation démesurée

Munir parti au mercato d’hiver, remplacé par l’énigmatique Kevin-Prince Boateng, Luis Suarez est le seul numéro neuf de métier au Barça. Ce qui oblige Ernesto Valverde à utiliser constamment son joueur, sans être en mesure de lui offrir une fenêtre de repos. L’Uruguayen est le sixième joueur le plus utilisé de l’effectif, avec 2793 minutes de jeu, depuis le début de saison. Dans une interview accordée à une radio de son pays natal, il milite pour l’arrivée d’un concurrent. «Le FC Barcelone a besoin d’un numéro 9. J’ai 32 ans, le club doit penser à l’avenir». Un message fort envoyé à la direction du club, et suffisamment rare pour être signalé.

Lire : Le Barça aurait trouvé un accord avec Luka Jovic

Le soutien indéfectible d'Ernesto Valverde

Au plus fort de la mauvaise passe de Luis Suarez, Ernesto Valverde est monté au créneau pour défendre son attaquant. Certainement parce qu’il sait mieux que quiconque que le Barça aura besoin de son buteur pour réaliser le fameux triplé (Liga-C1-Coupe du Roi) tant attendu du côté de la Catalogne. «C’est difficile de se passer de lui. Nous parlons du cinquième meilleur buteur de l’histoire du club. Les joueurs sont très patients avec lui. Je serais préoccupé si il n’avait pas d’occasions. Mais il en a toujours, c’est ce qu’on demande à un attaquant. C’est un mal de tête permanent pour l’adversaire. Il doit être en train de garder ses buts pour plus tard», a déclaré l’entraineur en conférence de presse avant la rencontre face à Séville.

L'orgueil du champion

Plus tard, ça pourrait bien être déjà cette semaine avec deux matches au programme face à une de ses victimes favorites, le Real Madrid. Le Clasico est le genre de rendez-vous qu’affectionne Luis Suarez. Il adore dégainer dans les matches de gala. En douze rencontres face à la Maison Blanche depuis son arrivée à Barcelone, l’attaquant a atteint sa cible neuf fois et offert trois caviars. Il est décisif toutes les 90 minutes face au Real. Son triplé lors du match aller de Liga (5-1) le 28 octobre dernier est gravé dans les livres d’histoire. Plus vieux, oui. Moins en forme, oui. En manque de confiance, oui. Mais il ne faut pas oublier une chose. Plus l’adversité est forte, plus Luis Suarez se sublime…

Mehdi Elouar