rabiot (adrien) (S.Boue/L'Equipe)

Adrien Rabiot, l'enfant du club, a perdu ses lettres de noblesse au PSG

Depuis de longs mois, la situation d'Adrien Rabiot avec le Paris Saint-Germain ne cesse de se dégrader. Cette saison ne fait pas exception, et depuis la Coupe du Monde, l'avenir du milieu de terrain français est de plus en plus incertain.

Son refus d'être suppléant au Mondial, un signe précurseur

Le 17 mai 2018, à quelques jours du début de la Coupe du monde 2018, Didier Deschamps donne sa sélection de 23 joueurs. Adrien Rabiot ne figure pas dans la liste principale, celle des heureux élus, mais fait partie des onze réservistes. Leur rôle est de se tenir prêt, de conserver une condition physique décente, afin de compenser une éventuelle blessure. Mais ce n'est pas du goût du joueur du Paris Saint-Germain. L’épisode se déroule alors en deux temps. D’abord, Rabiot envoie un mail au sélectionneur pour lui indiquer son souhait de ne pas être compté parmi les suppléants. Quelques jours plus tard, à la suite du tollé provoqué par sa prise de position, il confirme de nouveau son choix et transmet au journal Le Monde un communiqué pour appuyer ses dires. Le sentiment d’injustice qu’il dit ressentir y transparait. Il met notamment en avant ses performances sportives en club. Convoqué continuellement depuis sa première sélection en 2016, Rabiot, plein d'amertume, manque l’occasion de disputer le Mondial avec les Bleus et coupe - momentanément du moins - tout lien avec l’équipe de France.

Des performances qui laissent à désirer

Comment imaginer qu’un enfant du club puisse être rejeté à ce point par un nombre grandissant de supporters ? Au-delà de ses frasques intermittentes, ce sont aussi les performances sportives du Titi parisien qui ont déçu. A tel point que Thomas Tuchel n’a pas hésité à le mettre sur le banc contre Liverpool, pour un des matches les plus importants de ce début de saison pour le PSG. Cela avait déjà été le cas en Championnat contre des équipes comme le LOSC, au profit de Julian Draxler. Nonchalant, il l’a souvent été, surtout dans des aspects du jeu habituellement maîtrisés (placement et jeu sans ballon, distribution). Contre Liverpool, lors du match aller à Anfield, il ne s’était pas montré à la hauteur, tout comme contre Naples où lui et Verratti avaient reçu une leçon de football au milieu de terrain. S’il y a bien quelque chose qu’il a pour lui, c’est son talent. Et c’est en cela que la situation d’Adrien Rabiot est encore plus exaspérante. Après un gros début de saison, la situation s’est quelque peu dégradée. Contre Toulouse, le joueur retrouvait une place de titulaire au milieu mais il a été sifflé par le Parc.

Sentinelle, sans moi

Si ses performances en dents de scie sont incontestables, se pose aussi la question de son positionnement comme sentinelle. C’est un poste que le joueur exècre tout particulièrement, lui préférant celui de relayeur, plus libre, plus haut et "influenceur" du jeu. Pourtant, lors de l’exceptionnelle performance parisienne contre le Barça en 2017, c’est à ce poste de numéro 6 qu’il avait brillé, à l'image de son équipe. Cette idée avait déjà germé dans la tête d’Unai Emery. Thomas Tuchel, à son arrivée, a précisé que son souhait était également de faire évoluer son joueur devant la défense, ce qu’il a fait en présaison. On le sait, ce n’est pas vraiment du goût du joueur, qui est plus porté vers l’avant. Mais le manque d’options du PSG au milieu, surtout avec l’accumulation des matches, devrait amener Rabiot à dépanner à ce poste. Son poste pourrait aussi être la condition sine qua non à une éventuelle prolongation de contrat, à bientôt six mois de son expiration (voir ci-dessous).

Rabiot ou la SNCF

L’heure, c’est l’heure. En 2015, déjà, Laurent Blanc était aux manettes et avait sanctionné le joueur pour un retard avant la finale de la Coupe de France. Il n’avait pas été pris dans le groupe et n’avait donc pas participé à la fête. Pour le Classique en octobre dernier, Thomas Tuchel prenait la décision surprenante de faire débuter sur le banc Kylian Mbappe et Adrien Rabiot. Très vite, le voile était levé et l’explication arrivait dans la sphère publique : les deux s’étaient rendus coupables d’un retard à la causerie d’avant-match. Crise de lèse-majesté pour le "Duc". Le coach allemand avait tranché dans le vif. Depuis cet épisode, selon L’Equipe, la relation entre Tuchel et son milieu de terrain se serait dégradée. Alors que le journal évoquait des «avancées» dans les discussions contractuelles, cette mise à l’écart n’a pas plu au joueur et à son entourage. Adrien Rabiot estimerait ne pas être toujours traité comme il le devrait. De quoi, encore une fois, remettre de l’huile sur le feu.

Sa prolongation, un soap opera

C’est LE feuilleton à la mode depuis plusieurs années. Le contrat de Rabiot court jusqu’en juin 2019. Sa précédente signature, en 2014, alors qu’il n’était âgé que de 19 ans, avait déjà été difficile et le fruit d’un long bras de fer. Le joueur est très apprécié par le président Nasser Al-Khelaïfi, mais Rabiot et son entourage, principalement sa mère, n’ont toujours pas lâché de lest sur les émoluments demandés. En cas d’échec des discussions, Antero Henrique et la direction envisageraient désormais une vente dès janvier pour ne pas le voir partir gratuitement l’année prochaine. Et les prétendants seraient aux aguets : Juventus, Barcelone voire Tottenham… «Tout est possible» disait Tuchel sur TF1 à propos de l'avenir du joueur. Le PSG se prépare à toutes les options. A l'image de ses supporters, le club, exaspéré, pourrait changer de fusil d'épaule et décider de se séparer de son milieu.

Jérémy Docteur