(L'Equipe)

Adli, Aït-Nouri, Simakan... Silence, ça pousse

En seulement neuf journées, ces jeunes joueurs de Ligue 1 ont déjà marqué les esprits. FF fait l'inventaire... et les présentations. En voici trois.

Yacine Adli, l'entêté

Bordeaux. 19 ans. Milieu. 298 minutes jouées cette saison.
Pendant que le PSG pataugeait dans l’affaire Rabiot, une autre, moins médiatique, prenait fin. Yacine Adli, jeune banlieusard né à Vitry-sur-Seine, ex-joueur de Villejuif et formé au PSG, rongeait son frein. Convoité par Arsenal, il avait signé son premier contrat pro en faveur du club parisien en juillet 2018 après avoir disputé les huit dernières minutes de la saison. Puis, comme souvent pour un jeune du PSG, plus rien. Le club voulait le prêter, lui tenait à un transfert, qu’il obtiendra au forceps après avoir été écarté de l’entraînement avec les pros. Il finit par partir en janvier 2019, direction Bordeaux, contre 5,5 M€, coquette somme pour un gamin qui n’a que très peu joué. Mis dans le grand bain petit à petit, son entraîneur Paulo Sousa est aux petits soins avec lui : «C’est un joueur qui a encore une grosse marge de progression, mais il est différent des autres. Il maîtrise bien l’espace, le timing. Il est très fort pour mettre le ballon entre les lignes et nous donner de la supériorité. S’il continue, il arrivera très vite à l’élite du foot mondial. » À un peu plus de dix-neuf ans, un doublé à Amiens (1-3, 7e j.) a fait de lui le plus jeune joueur de l’histoire des Girondins à réaliser cet exploit. Mais il doit se montrer plus régulier (4,33 de moyenne aux Étoiles FF).

Rayan Aït-Nouri, le précoce

Angers. 18 ans. Défenseur. 633 minutes.
Vous en connaissez beaucoup des jeunes joueurs dont les parents ont reçu la visite du super agent Jorge Mendes en personne ? Dont le nom faisait partie d’une liste des soixante plus forts jeunes potentiels publiée par The Guardian l’an passé ? Ryan Aït-Nouri a logiquement affolé les Manchester City, Juventus et autres Monaco. À Angers, il se dit qu’après Boufal et Pépé, le SCO a su dénicher une nouvelle pépite... Le club peut remercier son ancien recruteur Axel Lablatinière, aujourd’hui au Red Star, d’avoir fait venir le gamin de Montreuil, passé par l’ASF Le Perreux puis le Paris FC. Comme Camavinga à Rennes, il est le plus jeune pro à avoir signé au SCO, en février 2018, et devinez qui il dut se coltiner pour sa première apparition ? Kylian Mbappé, le 25 août 2018, au Parc (3-1). Huit minutes, les dernières. Le temps de montrer que lui aussi avait des cannes de feu puisqu’on le surnomme "TGV". Cette saison, Moulin fait confiance à son arrière gauche qui monte comme il respire. Qu’Angers carbure du tonnerre avec lui n’est donc pas étonnant. Sous contrat jusqu’en 2021, il serait étonnant qu’il aille au bout ! Il y a de la plus-value dans l’air... Seul regret : souffrant d’une entorse à la cheville après être sorti sur blessure face au PSG, le défenseur a dû déclarer forfait pour les deux rencontres de l’équipe de France Espoirs (Azerbaïdjan jeudi dernier et Slovaquie ce mardi).

Mohamed Simakan, le roc

Strasbourg. 19 ans. Défenseur. 530 minutes.
On ne le connaissait pas et il a éclaboussé de sa jeune classe son tout premier match avec les pros de Strasbourg, en tour préliminaire de Ligue Europa, le 25 juillet dernier, contre le Maccabi Haïfa (3-1). Il remplaçait rien moins que le capitaine Mitrovic et s’en est sorti les doigts dans le nez. Au retour, il jouera côté droit. Reçu avec mention. Depuis, Thierry Laurey l’a souvent titularisé. Grand et bon de la tête, à l’aise dans ses sorties de balle, déjà hyper mature dans son jeu - on s’en est notamment aperçu lors de PSG-Strasbourg (1-0, 5e journée) -, cet ancien attaquant né à Marseille, qui a débuté au FC Rouguière, est entré au centre de formation de l’OM en même temps que Boubacar Kamara. Mais il n’a pas été conservé. Les scouts alsaciens le repéreront au SC Air Bel, un club de la cité phocéenne, en U17 nationaux, lui faisant signer son premier contrat pro en 2018. Quelques mois plus tard, il endurait une rupture des ligaments croisés du genou. Pourtant, un an après, le voilà chez les Bleus version U20, avec qui il a déjà marqué un but contre la Slovénie le 8 septembre dernier. Indéniablement, le petit frère de l’ex-attaquant nantais et rennais Ismaël Bangoura (le nom de famille de sa maman) possède un potentiel monstrueux.

Jean-Marie Lanoë

«Silence ça pousse », un dossier à retrouver en intégralité dans le France Football actuellement en kiosques ou ici en version numérique.