cazarre (L'Equipe)

A lire dans France Football cette semaine, le tacle à retardement de Julien Cazarre : «Million Dollars Baby»

Comme chaque semaine, Julien Cazarre glisse son tacle à retardement dans France Football. Sa nouvelle cible : les détracteurs de certains gros transferts.

Quel scandale ! Quelle honte ! Mais jusqu’où ira le football business? Comment peut-on payer une telle somme pour un transfert ? Ils sont complètement à la masse nos amis du Golfe. Alors oui, c’est un bon joueur, la bulle inflationniste a bouleversé la donne et la création du dernier iPhone pourrait soigner cent familles africaines du paludisme (non, pas avec une appli, avec l’oseille investie, bande de nases). Mais franchement, de là à payer 57 M€ pour Benjamin Mendy, faut pas déconner les gars, vous avez mis du chichon dans la chicha ! Le Benji devient le défenseur le plus cher de l’histoire derrière les avocats d’OJ Simpson (pas le mec bedonnant tout jaune qui mange des Donuts, celui qui est innocent d’avoir tué sa femme... On a pas tous cette chance).
 
À la limite, que tu paies Neymar 222 millions, c’est pas ouf, c’est le meilleur joueur du monde des dix prochaines années, c’est une star mondiale et il peut être rentabilisé en fric et en image, sans parler du fait qu’il peut faire basculer un match à lui tout seul (les supporters parisiens ont encore le cucul tout rouge de ses coups de martinet du 8 mars dernier)... Quand tu te fais torturer comme ça par un mec et que tu tombes amoureux de lui, ça s’appelle le syndrome de Stockholm (qui ne vient pas de l’amour supposé de Ruffier pour le Suédois Zlatan).

Alors il est sympatoche, le Benji, il se débrouille pas trop mal sur son côté gauche depuis un an, mais casquer 57 millions parce que tu es vexé d’avoir raté Daniel Alves, on est à la limite de la bouffée délirante consumériste. «Chérie ! Y a notre enfoiré de voisin qui s’est payé la Bentley d’occase dont on rêvait sur le Bon Coin. Je m’en fous, je vais racheter la Yaris de ton cousin, elle a 200 000 kilomètres et il me la fait à 80 000 €, c’est cadeau, non ?» Il a raison, le Bernard, ça c’est une bonne affaire, et c’est pas fini. Dans une boutique, à Monaco, ils font le survet’ Tacchini et la Swatch trois couleurs pour la moitié d’un costard Givenchy et d’une panthère de Cartier... Putain, mais fonce Bernard ! Fonce ! C’est là où l’on reconnaît ceux qui font des vraies bonnes affaires. Bordel, mais quand est-ce qu’on comprendra dans ce pays entre deux Ricard tomate qu’il vaut mieux un bon pâté qu’un mauvais foie gras, et que soit tu mets l’oseille pour te payer un grand champagne, soit tu chines un peu pour te faire un bon petit vin blanc, mais tu pètes pas ton Codevi pour un mousseux qui gratte...
 
Bakayoko 45 millions, Lacazette 60 millions, Lukaku 85 millions... C’est pas en emmenant miss Camping du Val-de-Loire chez Joël Robuchon que ça deviendra Miss Monde. Comme dirait le prince quand il a traversé Paris : «Vous n’y comprenez rien, salauds de pauvres !»

«Bordel, mais quand est-ce qu'on comprendra dans ce pays entre deux Ricard tomate qu'il vaut mieux un bon pâté qu'un mauvais foie gras.»

Julien Cazarre