(L'Equipe)

À lire dans France Football cette semaine, le dernier tacle de Julien Cazarre : Rivère sans retour

Comme chaque semaine, Julien Cazarre glisse son tacle à retardement dans France Football. Il revient cette fois sur le départ programmé de Jean-Pierre Rivère, le président de Nice.

Je ne vais pas vous sortir la boîte à chouine, comme quand Loulou la Paillade nous a fait le coup du départ anticipé. Mais franchement, à chaque fois qu’un grand boss du foot se fait la malle, j’écrase une larmichette, une bien humide et salée qui glisse le long du cil comme quand tu viens de voir les premiers effets du prélèvement à la source. Oh putain, je vire gilet jaune ! Pourtant, je vous jure que le dernier con qui m’a vu à un rond-point s’appelle Gilbert et il chante On va s’aimer. Alors, vous vous dites : « Mais de quel président il parle cette truffe, au lieu de nous faire poireauter plus longtemps qu’avec le VAR ? » Jean-Michel Aulas ? Non, pas lui ! Pas Jean-Mich-Much !

Il ne va pas se barrer maintenant alors qu’il est à quelques semaines de montrer à l’Europe entière comment ne pas prendre une remontada contre le Barça. La recette est simple… Ben tu perds le match aller à la maison, patate ! Comme ça, le Barça n’a pas besoin de te « remontader », t’es éliminé sans jamais y avoir cru. Mais tu ne passes pas pour un con et c’est bien ça l’essentiel. En tout cas, c’est bien ce que Jean-Mich-Much nous vendra à la fin du match et, s’il est dans un grand jour, la défaite de Lyon sera une victoire du foot français (parfois, je me dis que ses conf’ de presse pourraient gagner à La France a un incroyable talent ). Bon, donc, c’est pas Aulas... alors, c’est qui ? Ben regarde le titre, bonhomme !

C’est Rivère, le président de Nice (t’avais compris ? En fait je sais, mais on n’est pas à l’abri d’être lu par un ancien gardien de Montpellier et de Nancy... Oui, c’est ça, Bruno Martini). Donc, Jean-Pierre Rivère quitte la belle Niçoise, et c’est quand même bien triste parce que des gars d’une telle classe et d’une telle élégance, on n’en trouve pas à tous les points de corner de notre chère Ligue 1. On ne va pas se mentir, les présidents de club sont en général plus proches de Bernard Blier dans Buffet froid que de George Clooney. Même si j’aime bien les deux, ça changeait. C’est vrai, il va nous manquer, le père Rivère, avec son bronzage à la Séguéla, ses costards italiens et ses Berluti sans chaussettes qui laissent apparaître une cheville souple et décontractée, le tout auréolé d’un sourire plus blanc que la tête de Jacques-Henry Eyraud après Andrézieux.

Il est superbe Jean-Pierre, il est beau comme un patron de club échangiste du cap d’Agde mais sans la chaîne et la gourmette. Quand je le vois arriver, j’ai l’impression qu’il va me demander si, avec ma femme, on a déjà visité un manoir après 22 heures en costume de Venise et si elle n’est pas allergique au cuir... Un poète, quoi ! Mais la vérité, c’est que si ça m’attriste de voir partir notre beau Rivère de la Riviera, c’est parce qu’il quitte le club par dépit. Parce que les nouveaux investisseurs ne veulent pas réinjecter l’argent gagné par le club dans le club mais récupérer des dividendes au mépris du sportif. Ouais mon pote, t’as cru quoi ? Que c’étaient des philanthropes, les zozos du soleil couchant ? Ils sont comme les Amerloques, les gars, ils veulent du retour de brouzouf, et je ne dis pas ça pour faire peur aux Marseillais et aux Bordelais... Merde, trop tard. Eh ouais les mecs, avant de crier hourra à l’arrivée d’un investisseur de chez Mickey, demandez aux mariols qui ont vécu cinq ans de Colony Capital. C’est pas si mal, un milliardaire à turban qui fait du softpower, finalement. C’est pas si mal..

«On ne va pas se mentir, les présidents de club sont en général plus proches de Bernard Blier dans Buffet froid que de George Clooney».

Julien Cazarre