Cazarre

À lire cette semaine dans France Football, le nouveau tacle à retardement de Julien Cazarre : «El Ballon de Oro»

Comme chaque semaine, Julien Cazarre glisse son tacle à retardement dans France Football. Cette fois-ci, il revisite à sa façon le palmarès du Ballon d'Or.

Vous imaginez, vous, Lionel Messi qui n’aurait aucun Ballon d’Or ? Vous l’imaginez chez lui, sirotant un diabolo framboise devant sa cheminée avec rien dessus ? Parce que la cheminée de Leo Messi, c’est pas un poêle à bois Invicta basse conso acheté chez Lidl, c’est une bonne grosse cheminée à l’ancienne en marbre d’Italie, chêne massif sur mesure... Hé ouais, mon pote, faut au moins ça pour poser cinq Ballons d’Or ! Seulement, si le père Leo peut se les gratter l’hiver en les regardant avec l’air aussi vif que devant un talk-show de C8, c’est grâce à la nouvelle formule du Ballon d’Or de 1995 (enfin, nouvelle, Mbappé n’était même pas un projet à l’époque), l’époque où les joueurs non-européens n’étaient pas sélectionnés.

Avec l’ancienne formule, le lutin de Rosario passerait son mois de décembre à arpenter les Ramblas comme une âme en peine pendant que le beau gosse de Madère récolterait son dixième Ballon d’Or tranquillou, les doigts dans le pif et en claquette. Quelle tristesse ! Et franchement, entre nous, si t’es pas Ballon d’Or, le look barburoux-tatoué quand tu fais un mètre vingt-deux, ça fait vite nain de jardin pour punk à chien... Ça devient tout de suite plus compliqué d’être le tripoteur de baballe le plus cher du monde. 

Cette situation paraît improbable, pourtant le grand Diego Maradona, lui, il l’a vécue. En décembre 1986, c’est devant son écran plat Grundig dernière génération à coins carrés que le Pibe de Oro voyait Igor Belanov remporter le trophée suprême du monde moderne. Igor Belanov... C’est bien gentil, mais il a fait quoi en 1986, Igor Belanov ? Il a gagné la Coupe des vainqueurs de Coupe et a été sorti en huitièmes de la Coupe du monde au Mexique avec l’URSS... Clap, clap, clap !!! Pendant ce temps-là, un gamin de Lanus en Argentine venait d’éclabousser le monde de sa classe en dominant à lui seul un Mondial d’anthologie... Alors, oui, quand Belanov est désigné Ballon d’Or, Lanus a mal au plus profond de sa chair.

Une telle injustice pouvait-elle perdurer ? Pelé, lui, a eu la pudeur de garder sa magie pour son Brésil natal, mais Diego, lui, est venu chez nous en Europe nous montrer que ce que nous faisions maladroitement avec un ballon, il le faisait majestueusement avec une orange... Et les yeux fermés ! Après, vous me direz, en 1986, il a eu le mauvais goût de perdre en Coupe d’Europe contre le Toulouse Football Club de Beto Marcico et ça, franchement, c’est la méga honte... Tout bien réfléchi, il est très bien sur la cheminée d’Igor Belanov, ce Ballon d’Or...

Diego, lui, est venu chez nous en Europe nous montrer que ce que nous faisions maladroitement avec un ballon, il le faisait majestueusement avec une orange...