(L'Equipe)

À lire cette semaine dans France Football, le dernier tacle à retardement de Julien Cazarre : Unai à l'envers, Unai à l'endroit

Comme chaque semaine, Julien Cazarre glisse son tacle à retardement dans France Football. Cette fois-ci, il s'attaque au coaching d'Unai Emery face au Real, aussi approximatif que son français en conférence de presse.

Quand il commence à parler en conf de presse, le père Unai, on a un peu l’impression de détricoter une vieille maille de pull mouillé qui a séché sur un buisson. Ça ressemble tantôt à du français, tantôt à de l’espagnol si bien qu’on ne sait pas vraiment s’il veut tout à fait se faire comprendre. Il souffre un peu du syndrome Jane Birkin (non, ça n’est pas parce qu’il joue à Je t’aime, moi non plus avec Henrique ou parce qu’il semble être un Baby Alone in Babylone). Il est arrivé en France en nous éclaboussant de son charmant accent ibérique et un français qui, même approximatif, nous éblouissait par son naturel enchanteur... Seulement voilà, depuis deux ans qu’il est là, il semble qu’il n’ait fait aucun progrès dans la langue de Victor Hugo (il est d’ailleurs plus à l’aise avec celle de Victor Hugo Montano, célèbre footballeur colombien de Montpellier). Comme s’il trouvait cela finalement plus pratique pour éviter les explications trop pointues ou trop embarrassantes. Son collègue de l’AS Monaco, Leonardo Jardim, a un peu le même souci avec la différence que, lui, est en totale régression, qu’on comprend de moins en moins ce qu’il dit jusqu’à se demander si on ne préférerait pas l’entendre dans la langue de Fernando Pessoa (ou Couto pour ceux qui pensent que la poésie, c’est d’abord faire rimer Canebière avec ta mère). Unai, parfois, me fait penser à mon fils de trois ans quand on lui demande si c’est lui qui a cassé le vase du salon en prenant la cheminée pour la cage de Keylor Navas, il répond dans un charabia «soubresauteux» que même le KGB n’aurait pas pu décoder et finit par un sourire et un câlin... Alors, la comparaison s’arrête au niveau du câlin pour Emery, il n’en est pas encore arrivé là, même si, après la question sur son coaching calamiteux contre Madrid, on est passé près.

Bizarrement, ces derniers temps, je comprends de mieux en mieux ce qu’il dit et j’ai peur de me rendre compte qu’en fait il y a longtemps qu’il maîtrise notre belle langue (dont le curseur se situe entre Luchini et Jourdren). Comme si son inéluctable départ du club avait libéré sa parole et désentravé sa mâchoire... Il y a encore mieux, j’arrive même à comprendre son coaching (qui était jusqu’alors dans une langue qui ressemblait à un dialogue de Rendez-vous en terre inconnue, mais sans le mec à la voix chaude qui traduit pendant que le Papou parle). Ah, mon pauvre Unai, on ne se sera finalement jamais vraiment compris, sauf au moment de se dire adieu... Comme un vieux couple, en fait. 

Ah, mon pauvre Unai, on ne se sera finalement jamais vraiment compris, sauf au moment de se dire adieu...

Julien Cazarre

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