Soccer Football - 2018 World Cup Qualifications - South America - Brazil v Chile - Allianz Parque stadium, Sao Paulo, Brazil - October 10, 2017 Alexis Sanchez of Chile reacts after the match. REUTERS/Paulo Whitaker (Reuters)

«Merci pour tout, les gars» : malgré l'élimination de la Roja, la presse chilienne retient dix dernières années de haute volée

Combinée au match nul entre la Colombie et le Pérou, la défaite du Chili mercredi face au Brésil (0-3) prive le champion d'Amérique du Sud de Coupe du monde. Malgré la déception, la presse nationale a préféré rendre hommage à une génération dorée qui a construit la plus belle page de l'histoire du football chilien.

Il est de ces gueules de bois qu’on ne guérit pas du jour au lendemain. Les Chiliens doivent en savoir quelque chose, quelques heures après la gifle reçue face au Brésil (0-3) dans la nuit de mardi à mercred. Les doubles champions d’Amérique du Sud ne verront pas la Russie, en juin prochain, à l’occasion de la 21me Coupe du monde. Si la sentence leur pendait au nez depuis un certain temps, on aurait pu imaginer qu’un sursaut les gagnerait, en désespoir de cause, pour leur permettre d’arracher le sésame. Que nenni ! Au Chili, la presse ne semblait pas s’attendre à un miracle. Voire pire : ce mercredi, elle se montrait résignée, comme si la non-qualification n’était que la finalité logique d’une période délicate pour la sélection. Amer, El Diario de Atacama titre sa Une en évoquant «le très mauvais match» de la Roja, une équipe «incapable de gérer la nervosité» et qui a logiquement «pris une raclée» au Brésil. Dans El Austral, le joueur de Quintero Orlando Gutierrez remet moins en cause le match face à la Seleção que l’intégralité de la phase de qualification, trop mal gérée à son goût. «L’élimination ne s’est pas jouée contre le Brésil, elle résulte avant tout des matches contre la Bolivie (0-1) et le Paraguay (0-3). Le Chili nous avait habitué à gagner ce genre de rencontres.»

La fin d'un cycle

Pour les journaux chiliens, la non-qualification coïncide avec la fin d’un cycle et représente le premier grand échec de la «generación dorada» (en français, génération dorée) composée des Alexis Sanchez, Claudio Bravo, Mauricio Isla et autres Arturo Vidal. Le Chili, qui a participé à toutes les Coupes du monde depuis 2006, a remporté les deux dernières Copa America et s’est hissé en finale de la Coupe des confédérations en juillet dernier. De quoi ajouter de la frustration à cette campagne ratée en éliminatoires. «Une déception entre tous les moments de joie», titrait le journal chilien Las Ultimas Noticias. «La plus belle génération de l’histoire du football chilien dit adieu à son rêve ultime. Elle semblait destinée à prouver sa valeur lors d’une Coupe du monde, mais le temps est passé en vain. La plupart des joueurs approchent des 30 ans. L’âge n’est pas une excuse, mais il faut se rendre à l’évidence : l’équipe a tout donné et est allée aussi loin qu’elle le pouvait.» Une pointe de nostalgie ? Las Ultimas Noticias ne s’en cache pas – bien au contraire – et titre le papier principal de son édition «Merci pour tout, les gars».

«Je sais que la plupart ont tout donné, tandis que d'autres allaient faire la fête et ne s'entraînaient pas parce qu'ils étaient trop ivres.»

Si la presse chilienne rend hommage de concert à sa sélection, une sortie médiatique obscurcit toutefois le paysage. Celle de Carla Pardo, épouse du capitaine Claudio Bravo, qui a vidé son sac sur Instagram après l’élimination de la Roja : «Quand on met le maillot, il faut le faire avec professionnalisme. Je sais que la plupart ont tout donné, tandis que d’autres allaient faire la fête et ne s’entraînaient pas parce qu’ils étaient trop ivres.» Le tabloïd La Cuarta, qui a fait sa Une du jour sur le message incendiaire de Carla Pardo, note que cette dernière a reçu le soutien de Gissella Gallardo, la femme de Mauricio Pinilla. Gary Medel, interrogé quant à lui sur le sujet en conférence de presse, a démenti les allégations : «Je n’ai jamais vu de coéquipier ivre ou qui s’entraînait en étant ivre.» Ce qui est sûr, c’est que la polémique, au lendemain d’une défaite douloureuse, ternit le bel hommage rendu à la sélection chilienne.

Antonin Deslandes