Foto IPP/Albano Venturini, Firenze 05/11/2017 Campionato di calcio serie A 2017/2018 Fiorentina - Roma Nella foto eusebio di francesco allenatore roma -Italy Photo Press World Copyright- *** Local Caption *** (Albano Venturini/IPP/PRESSE SP/PRESSE SPORTS)

«Je dis toujours que deux passes à l'horizontale, c'est déjà trop» : zoom sur Eusebio Di Francesco, l'entraîneur de la Roma

Méconnu en France, Eusebio Di Francesco avait l'occasion de ramener la Roma sur le devant de la scène européenne en cas de qualification contre le Chakhtior Donetsk ce mardi soir. C'est chose faite (1-0, 1-2 à l'aller). Portrait d'un jeune entraîneur qui prône un jeu offensif.

L'AS Roma voulait sa revanche. Battu à l'aller (2-1), le club de la Louve pouvait retrouver les quarts de finale de la Ligue des champions pour la première fois depuis dix ans, en cas de qualification au stade Olimpico ce mardi soir. Pour ce faire, les Italiens devaient se montrer beaucoup plus convaincants sur le terrain. «Après l'égalisation, j'aurais dû remplacer la moitié de l'équipe», s'était agacé Eusebio Di Francesco, l'entraîneur romain, au micro de Mediaset Premium après la première manche. «En première période, on a joué pour leur faire mal, et en deuxième période on a défendu. Je ne sais pas pourquoi, et ça fait mal», avait-t-il ajouté. Un constat difficile à digérer pour un entraîneur adepte du beau jeu qui fait partie de la nouvelle génération des techniciens italiens.

À Sassuolo, il est rappelé deux mois après avoir été viré

Ce n'est pas un hasard si Monchi, le directeur sportif de la Roma, tenait absolument à ce que Di Francesco soit le successeur de Luciano Spalletti l'été dernier. Pourtant, l'ancien international (14 sélections) a mis du temps avant de véritablement lancer sa nouvelle carrière. Après des courts passages sur les bancs de Pescara (2010-2011) et de Lecce (2011), il rejoint Sassuolo. C'est là-bas que Di Francesco va se révéler en Serie A et il faut dire que ce n'était pas gagné. Il fait monter le club de Modène pour la première fois dans l'élite mais connaît six premiers mois difficiles. En janvier 2013, il est licencié pour revenir... deux mois plus tard, rappelé en catastrophe par son président.

Le Sassuolo de Di Francesco arrache son maintien en fin de saison et s'installe en Serie A. Il décroche même une sixième place historique en 2016 (devant le Milan AC et la Lazio), synonyme de qualification en Ligue Europa. Une grande première dans l'histoire du club. Emmenée par des jeunes joueurs (Berardi, Defrel, Pellegrini), son équipe est réputée pour sa capacité à développer du beau jeu. Il quitte le club en juin dernier après une douzième place en Championnat. Sassuolo lui rend un hommage dans la foulée via un communiqué publié sur son site : «Nous avons partagé cinq années inoubliables entre victoires mémorables et rêves réalisés. Toute parole supplémentaire serait superflue.»

L'héritier de Zeman

À son arrivée à la Roma cet été, il était difficile de ne pas penser à Zdenek Zeman (entraîneur du club de 1997 à 1999 et de 2012 à 2013). Di Francesco a souvent répété qu'il partageait la même vision du football que celui qui l'avait recruté en 1997. «Zeman est une référence fondamentale. Pas seulement pour la préparation physique mais pour l'intelligence technico-tactique de son jeu», avait-t-il expliqué au Corriere Dello Sport en 2016. Le Tchèque est bien connu pour son football ultra-offensif, très technique et son pressing haut qui multiplie les risques de se faire piéger sur des contre-attaques. Di Francesco semble suivre ces principes avec un système en 4-3-3 un peu plus équilibré, des latéraux très offensifs (Florenzi et Kolarov cette saison à la Roma) et des milieux qui se projettent vers l'avant. «Je maintiens que selon moi, ça n'est pas le système qui fait la différence, mais les idées et l'interprétation sur le terrain. Au début, on a dit que le 4-3-3 n'était pas adapté à cette Roma, puis les résultats ont prouvé le contraire, et à nouveau on remet ce schéma en question», s'était-il agacé en janvier devant des journalistes.

La Roma de Di Francesco est capable d'être spectaculaire (victoires 4-2 à Naples et 3-0 contre le Torino la semaine dernière) comme très décevante, notamment à cause de son manque de réalisme. La philosophie de Di Francesco est claire, son équipe doit aller de l'avant. «Je dis toujours que deux passes à l'horizontale, c'est déjà trop», précisait-il dans la Gazzetta Dello Sport en 2016. Sans surprise, son équipe est donc celle qui tente le plus sa chance cette saison en Serie A (17,7 tirs par match), notamment à domicile avec près de vingt tentatives par rencontre. Di Francesco reste cependant un jeune entraîneur qui doit encore faire ses preuves et faire gagner son équipe en régularité. En attendant, après son succès face au Chakhtior mardi soir (1-0), celle-ci verra bien les quarts de finale de la Ligue des champions. Mission accomplie, donc...

«Je maintiens que selon moi, ça n'est pas le système qui fait la différence, mais les idées et l'interprétation sur le terrain.»

Clément Gavard